Après avoir repêché trois dépouilles hier, les recherches continuent toujours, et l'attente est trop longue pour les parents des victimes. Quatre jours après le naufrage de deux navires au port d'Alger, la recherche des disparus se poursuit toujours. Hier encore, les éléments de la Protection civile ont repêché trois dépouilles de matelots de l'équipage du navire Béchar du côté des Sablettes. Un seul corps a pu être identifié, selon les responsables de la Cnan. Il est 11 h 30 lorsque plusieurs marins et parents des victimes disparues ont commencé à se rassembler au port d'Alger. Un bureau de renseignements a été ouvert à leur intention. Le visage blême, les traits tirés, le regard absent, ils étaient tous regroupés dans une salle attendant le chargé de la communication qui devait leur communiquer les dernières informations concernant l'équipage du Béchar. Karim, dont le frère faisant partie de l'équipage du Béchar est porté disparu depuis samedi dernier, est là lui aussi. “J'étais au téléphone avec mon frère sur son portable lorsque le navire a commencé à couler ; il me disait que je devais prier pour lui. C'était la dernière phrase que j'ai entendue avant que la communication ne se coupe. J'ai tenté de le rappeler, en vain. Depuis ce jour-là, nous n'avons reçu aucune nouvelle le concernant. Bien que je sois persuadé de sa mort, je garde toutefois l'espoir de le revoir vivant. Enfin, j'espère que les secouristes le retrouveront le plus tôt possible, car l'attente est horrible”, témoigne le jeune homme. Dehors, les marins et les parents des naufragés ne décolèrent pas, ils en veulent aux responsables du port et aux autorités qui n'ont pas, selon eux, intervenu à temps pour sauver l'équipage. “L'Etat a abandonné l'équipage du Béchar ; au lieu de faire intervenir les forces aériennes et les hélicoptères militaires, le gouvernement a fait appel aux forces espagnoles qui sont arrivées trop en retard”, déclare un membre de l'équipage du Béchar qui était en rotation. Et d'ajouter : “J'aurais pu périr avec eux, c'est ma permission qui m'a sauvé la vie.” Il se précipitera ensuite vers la porte d'entrée où les photos des disparus sont affichées et regarde celles des membres de son équipage. “Je sais qu'ils sont tous morts, mais je garde l'espoir de voir mon raïs ou l'un d'entre eux vivant”, ajoute-t-il. Il est 15 h lorsque l'ambulance arrive au port, à son bord la deuxième dépouille d'un disparu repêchée du côté des Sablettes. L'arrivée de l'ambulance sème le trouble et le désarroi parmi les familles des victimes. “J'espère que ce n'est pas mon frère, il n'a que 24 ans, il est trop jeune pour mourir”, murmure une jeune femme. Les nerfs à fleur de peau à force d'attendre, les parents des victimes disparues rejettent la responsabilité du drame sur les responsables du port et le gouvernement. En outre ils lancent un appel à l'intervention étrangère pour le repêchage des corps des disparus afin de mettre fin à leur attente interminable. N. A.