À trois mois de la suite des éliminatoires de la CAN 2006, puisque pour l'EN d'Algérie celles du Mondial ne veulent plus rien dire pour avoir déjà entamé ses chances de qualification, les Verts traînent toujours cet arrière-goût de mi-figue, mi-raisin. Le match amical disputé mercredi dernier à Toulon et qui s'est soldé par une première défaite sous l'ère du nouveau coach national, Ali Fergani, face au Sénégal, a livré deux visages de la sélection nationale. Le premier, lors du premier half, terne et amorphe où l'adversaire a réussi à imposer rapidement sa supériorité sur tous les plans avant de concrétiser cette domination par deux buts juste avant la pause. Le second en deuxième période, beaucoup plus séduisant avec une équipe algérienne plus combative qui reprenait du poil de la bête, parvenant à réduire le score et qui aurait pu prétendre à niveler la marque avec une meilleure réussite. Entre-temps, les deux coaches respectifs, Fergani et Guy Stéphane, ont procédé à des changements notables dans la composante mais avec des fortunes diverses puisque si du côté algérien l'entrée de Ziani et Mansouri a permis aux Verts de mieux animer le jeu, en revanche chez les Lions de la Teranga, la production baissa de rythme au point de perdre parfois carrément le contrôle de la rencontre. Du coup, de part et d'autre, cette joute amicale a permis de tirer des enseignements très utiles. En effet, après une première sortie face au Rwanda et une seconde face au Sénégal, l'entraîneur Ali Fergani a désormais toute latitude de juger la valeur du groupe qu'il a choisi pour entamer sa mission à la tête des Verts. À ce propos, il semblerait que l'on se dirige vers une première décantation au niveau de l'effectif, dans le sens où le groupe des convoqués sera éventuellement plus réduit et ne concernera donc que les éléments qui ont donné satisfaction lors de ces deux premières sorties. Une option stratégique tout à fait normale et légitime dans la mesure où, à quelques encablures de rencontres déterminantes, le staff de l'équipe nationale ne peut plus se permettre d'effectuer des essais. À ce titre, Ali Fergani dira : “Je crois qu'après les deux matches face au Rwanda et au Sénégal, nous allons tirer les enseignements nécessaires pour l'avenir de cette équipe”, ce qui laisse entendre que Fergani entend faire un premier point et ne retiendra que les joueurs qui répondent à son plan d'attaque pour réussir le pari de la qualification à la Coupe d'Afrique des nations. Il ne faut pas, en effet, perdre de vue que Fergani est tenu contractuellement à qualifier les Verts en Egypte sous peine de rendre le tablier. Fergani, qui s'est dit globalement satisfait par le stage en France, a insisté sur le fait que les portes de l'EN ne sont ouverts que pour les joueurs qui veulent venir. “Les joueurs qui ne sont pas enthousiastes pour rejoindre l'EN n'ont qu'a rester chez eux. En tout cas, pour ma part, je serai ferme en ce qui concerne le choix car, après avoir donné la chance à tout le monde sans aucune exception, je poursuivrai mon chemin avec ceux qui veulent bien lutter.” Des éléments comme Ouadah et Boutabout qui n'ont pas répondu à la convocation de Fergani pour le match face au Sénégal arguant des blessures alors qu'ils se sont entraînés avec leurs clubs en France, sont susceptibles d'être rayés de la liste des convoqués, tout comme les Madouni et Hemdani s'ils ne manifestent pas clairement un désir de rejoindre les Verts. Il est donc évident que Fergani n'entend pas tergiverser au sujet du choix du groupe qui sera mis dans la bataille à partir du mois de mars prochain contre le Rwanda. Les pros entre chantage et craintes Si auparavant ce sont les joueurs locaux qui se plaignaient de marginalisation au sein de l'EN, la roue semble avoir tourné puisque, selon des indiscrétions, il paraîtrait que, désormais, les expatriés ont exprimé des doutes sur la réelle volonté de Fergani de les maintenir en équipe nationale. La première crainte est venue de l'ex-capitaine des Verts, Mansouri, qui a critiqué le fait que Fergani l'ait dépossédé de son brassard au profit de Dziri sans que cela fasse l'objet au préalable d'une discussion franche. Mansouri, tout comme d'autres pros, à l'instar de Antar Yahia et Mamouni, se demandent sérieusement, selon notre source, si leur avenir n'est pas hypothéqué en EN. Sur cette question, le patron de la sélection nationale est resté évasif, soutenant qu'il n'a pas d'explication à donner en matière de choix mais nie toute velléité de marginaliser les expatriés. “Ecoutez, moi je réfute cette séparation entre joueurs locaux et expatriés. J'ai affaire à un groupe qui doit cohabiter dans la sérénité dans l'intérêt de l'EN. Les joueurs les plus en forme seront retenus, voilà tout”, souligne Fergani. En tout cas en coulisses, des pros ont menacé de ne plus répondre aux convocations de l'EN. La pression est là. Elle nous rappelle celle qu'a vécu Saâdane pendant la CAN 2004 où des pros, à leur tête le capitaine Djamel Belmadi, et avec l'aide de stéphane Pawles, l'ancien coordinateur sportif de l'EN, se sont immiscés dans le choix de l'équipe et même dans la méthode d'entraînement. Plus tard, Saâdane avait avoué ce genre de pressions, expliquant qu'il ne pouvait rien faire de peur de voir le groupe imploser en plein CAN. Fergani, qui se veut ferme, réussira-t-il à échapper à cette nouvelle maladie des Verts ? S. B.