Résumé : Alors qu'elle s'apprêtait à se rendre à son boulot, Wassila se heurte à sa voisine de palier. Khadidja voulait se faire coiffer et maquiller pour le vendredi... La jeune femme, bien que chargée, accepte. Soulagée, Khadidja lui souhaite de tomber sur un gentil mari... Wassila rétorque que les hommes ne l'intéressaient pas... Elle lui rappelle qu'il devrait y avoir une compatibilité dans chaque couple. Khadidja battit l'air de ses mains : -Laisse tomber tout ça ma chère... Il y a des hommes qui sont obligés de se plier, et il y a aussi des femmes qui passent sous le joug... Où est cette compatibilité dont tu parles... ? -Elle existe pourtant... Wassila jette un coup d'œil à sa montre et sursaute : -Je suis vraiment en retard... Je dois te laisser Khadidja. à vendredi incha Allah... -Incha Allah... Wassila s'esquive, et Khadidja en profitera pour pénétrer dans l'appartement et se diriger vers la cuisine d'où lui parvenaient des relents de cuisson. -Ah ! tu es là Taos... ! Hum... Quelle bonne odeur... ! Tu prépares un festin ou quoi... ? Taos hoche la tête tout en continuant à éplucher des légumes : -Tu peux le dire... J'attends des invités pour le déjeuner. Et comme tu vois, je suis toute seule. Wassila me laisse tomber chaque fois que j'attends du monde. -Je viens de la rencontrer... Elle est pressée... Elle doit avoir du boulot au salon... -C'est tout le temps la même chanson... Je ne sais plus quoi faire avec cette fille... Si au moins elle était mariée... ! Khadidja hoche la tête, tout en tirant une chaise pour s'installer devant la table. -Attends, je vais t'aider à éplucher ces légumes... -Merci Khadidja... -Mais de rien ma chère voisine... Nous sommes là pour nous entraider... Heu... J'étais venue demander à Wassila justement de me coiffer pour vendredi. J'ai une fête... -Un mariage... ? Khadidja hoche la tête : -Oui... Une cousine... Elle vient à peine de terminer ses études... -Quelle chance pour ses parents de pouvoir la caser aussi rapidement. -Tu peux le dire... -Wassila a terminé sa formation et travaille depuis des années sans trouver chaussure à son pied. Khadidja soupire : -El-mektoub... Mais... Crois-moi Taos... Ta fille souffre du mauvais-œil... On a dû lui jeter un sort. -Je me le disais aussi... Mais tu connais cette idiote. Elle ne croit ni au mauvais œil ni à la sorcellerie... Que veux-tu que je fasse avec une telle tête de mule ? -Rien bien sûr... Seulement ne baisse pas les bras de ton côté... -Bien sûr que je ne vais pas baisser les bras. Si un prétendant se présente, je te jure que je vais tout faire pour la marier dans les plus brefs délais. Malheureusement, cela fait des années que personne ne s'est intéressé à elle sérieusement. -C'est bien ce que je te disais... C'est le mauvais œil tout ça... Tu devrais faire quelque chose, avant qu'il ne soit trop tard. Taos soupire tout en se levant pour rajouter de l'eau dans la marmite qui bouillonnait sur le feu : -Il est déjà trop tard. Wassila n'est pas loin de ses quarante ans... -Ce n'est pas grave... Elle pourra toujours tomber sur un bon parti... La vie peut cacher des surprises et les exhiber au moment où on s'y attend le moins. -Peut-être. Mais tu connais Wassila... Elle travaille et occupe ses journées entre le salon de coiffure et la maison, sans se préoccuper du reste. Que deviendra-t-elle quand je ne serai plus de ce monde... ? -Dieu y pourvoira Taos... Heu... Je... Je voulais te proposer quelque chose... Sans vouloir froisser ta sensibilité bien sûr... -Parle Khadidja... Je t'écoute.. -Eh bien, je voulais juste t'orienter vers une voyante... Taos secoue la tête tout en rajoutant de l'eau dans sa marmite : -J'en ai marre de courir de l'une à l'autre de ces femmes sans scrupules... Elles ne font que profiter de la crédulité des gens en difficultés pour leur soutirer de l'argent... Khadidja l'interrompt : -Celle que je te proposerais d'aller consulter est renommée pour ses dons de voyance et l'exactitude de ses dires. D'ailleurs elle ne reçoit que sur rendez-vous, tant elle est sollicitée et douée. -Où habite donc cette faiseuse de miracles... ? -Un peu à l'écart de la ville... Un taxi pourra te déposer juste devant son immeuble. -Hum... Tu la connais, toi... ? Khadidja hoche la tête : -Bien sûr. J'ai déjà eu recours à ses services. Tu connais mes mésententes avec Athmane et son indifférence envers moi... Je voulais le ramener à de meilleurs sentiments... -Et cela a marché... ? -Heu... Oui... Disons qu'il est moins distant et moins agressif qu'auparavant... (À suivre) Y. H.