Résumé : Taos était désolée pour sa fille Wassila... Cette dernière frôlait la quarantaine, mais était encore célibataire... Une calamité ! De son temps, on se mariait très jeune... Wassila revint du balcon où elle étendait le linge... Sa mère voulait qu'elle l'aide à préparer le déjeuner. Mais la jeune femme refuse, arguant qu'elle a du travail au salon. Wassila lève la main et interrompt sa mère : - C'est le cas... Nous sommes à l'orée de l'été, la saison des fêtes et des mariages... Nous avons beaucoup de travail... Tu connais les mariées et leurs chichis, et les accompagnatrices ne sont pas en reste... Entre les abonnées et les clientes journalières, je t'avoue que nous n'avons pas une minute pour respirer... -Alors tu ne va pas m'aider à préparer le déjeuner ? -Pourquoi t'aider ? D'habitude tu préfères cuisiner seule... Tu es un véritable cordon-bleu et personne ne pourra te détrôner dans ce domaine. -Je sais... Mais aujourd'hui nous attendons des invités... -Ah ! je ne le savais pas... Tu ne m'as rien dit... -Moi-même je ne le savais pas, jusqu'à ce matin... Ton père a invité sa sœur, ta tante Halima, ses deux filles, Soraya et Kahina, ainsi que son fils Fatseh, et la nouvelle belle-fille... Si ma mémoire est bonne, elle s'appelle bien Ilham... -Oui, c'est bien ça... Mais tu me vois navrée. Je ne pourrais pas partager ce déjeuner ni même t'aider à le préparer... Pourquoi ne fais-tu pas appel à Meriem ? -Ta sœur aînée ? -Oui... Elle habite à deux pas, et ses enfants sont assez grands pour rester avec leur père. -Tu n'y penses pas... Elle va s'amener justement avec ses enfants et son mari. Et puis elle est encore grosse... Bientôt un autre chérubin sur les bras... Elle finira par avoir une crèche chez elle. Taos secoue encore la tête : -Je vais devoir me débrouiller toute seule cette fois-ci encore... à chaque fois, il y a un empêchement dans ton programme Wassila. La dernière fois, c'était Salim, ton frère, qui avait invité sa fiancée, et tu t'es aussi dérobée. -Maman ! Je ne me suis pas dérobée... Tu sais bien que je travaille, et à maintes reprises j'ai été rappelée à l'ordre par la patronne pour mes retards... Je n'ai pas du tout envie de me retrouver au chômage. -Ne me rends pas malade avec tes arguments...Va à ton boulot... Je vais devoir t'excuser cette fois-ci aussi auprès de nos invités. -C'est ça maman... Wassila s'empresse d'aller s'habiller et de quitter les lieux. En ouvrant la porte pour sortir, elle se heurte à sa voisine de palier, Khadidja. Cette dernière s'exclame : -Wassila ! Je me demandais justement si tu n'étais pas déjà au boulot. -Je m'apprêtais à m'y rendre justement, Khadidja... Tu as besoin de quelque chose ? -Heu... Oui... Tu connais Athmane... Toujours radin lorsqu'il s'agit de moi... J'ai une fête le week-end prochain, et j'aimerais me coiffer et me maquiller. -Le week-end prochain ? -Oui... Vendredi précisément... Je n'aimerais pas te mettre dans l'embarras... Je voulais... - Te coiffer et te maquiller... -Oui... C'est ça, Wassila... Wassila pousse un soupir. - Je suis très chargée le vendredi, mais je vais essayer de trouver un moment pour m'occuper de toi, comme à chaque fois que tu as une fête. Cependant, tu vas devoir te réveiller un peu tôt. -à quelle heure pourrais-je passer ? Wassila se met à réfléchir. Le vendredi était une journée bien plus chargée au salon, et elle devait y être dès les premières heures de la matinée. Mais elle connaissait Khadidja et son entêtement : -Sept heures du matin... Cela te va ? -Fort bien... -Alors, sois à l'heure, et n'oublie pas de ramener ton shampooing et tes produits de beauté. -Heu... Oui, bien sûr... Va pour le shampooing, mais pour les cosmétiques... Wassila soupire encore : -OK. J'ai compris Khadidja... Je vais utiliser mes propres produits. -Oh ! Merci... Merci Wassila... Que Dieu te bénisse et t'envoie un gentil mari... Wassila sourit : -Qu'il me bénisse, je suis d'accord... Mais pour le gentil mari, je doute fort... Disons que je ne suis pas trop intéressée. Khadidja fronce les sourcils, puis regarde à droite et à gauche, pour s'assurer qu'on ne l'entendait pas, avant de chuchoter : -Tu as tort Wassila... On a beau critiquer les hommes, mais une femme seule n'est jamais heureuse... Son bonheur se mesure toujours à sa vie conjugale... Prends un peu mon exemple... Je suis mariée depuis des années à cet imbécile de Athmane... On ne s'entend pas, il est vrai, mais je me contente de sa présence... -Ce n'est pas une vie Khadidja... On ne doit pas épouser le premier venu, et non plus faire plaisir aux siens en acceptant un mari choisi par la famille sans pour autant chercher à savoir s'il y a compatibilité de caractères... (À suivre) Y. H.