Ayant pris le contrôle du pays, suite à la démission forcée du président Blaise Compaoré, les militaires burkinabés sont désormais indésirables au vu de la multiplication des appels à transférer le pouvoir aux autorités civiles, auxquels se sont joints les Etats-Unis et la médiation internationale. La pression sur l'armée du Burkina Faso est montée d'un cran hier, après les appels lancés pour un transfert du pouvoir aux civils. Et ce sont les Etats-Unis qui ont donné un tour de vis supplémentaire en appelant l'armée burkinabée à transférer "immédiatement" le pouvoir aux autorités civiles dans le pays en crise après la chute du président Blaise Compaoré. Une porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki, a déclaré dans un communiqué dans la nuit de samedi à dimanche : "Nous appelons l'armée à transférer immédiatement le pouvoir aux autorités civiles." Elle a ajouté que "les Etats-Unis condamnent la tentative de l'armée burkinabée à imposer sa volonté au peuple du Burkina Faso". Les Etats-Unis exhortent "les autorités civiles" à se "laisser guider par l'esprit de la Constitution du Burkina Faso et de passer immédiatement à des élections présidentielles libres et justes", a précisé la même source. Cet appel américain a été précédé par celui de la médiation internationale formée par l'ONU, l'Union africaine et le groupe régional de la Cédéao, qui a appelé hier à la mise en place d'un régime de transition "conduit par un civil" et "conforme à l'ordre constitutionnel", évoquant sinon la menace de "sanctions". L'émissaire de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, a déclaré : "Nous espérons qu'il y aura une transition conduite par un civil, conforme à l'ordre constitutionnel. Sinon les conséquences sont assez claires. Nous voulons éviter au Burkina Faso la mise en place de sanctions." De son côté, l'Union africaine (UA), par la voix de la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, avait lancé un appel aux "acteurs politiques et la société civile du Burkina Faso à travailler ensemble dans un esprit de consensus et de responsabilité pour convenir d'une transition civile et inclusive devant déboucher sur la tenue, aussi rapidement que possible, d'élections libres, régulières et transparentes". Pour information, la Constitution burkinabée prévoit que le président de l'Assemblée nationale assure l'intérim du pouvoir en cas de vacance. Et c'est sur la base de cette disposition que les partis de l'opposition et les organisations de la société civile ont exigé une transition "démocratique et civile", refusant la confiscation du pouvoir par l'armée. Ils avaient rejeté samedi cette solution militaire et ont appelé la population à se rassembler hier sur la place de la Nation à Ouagadougou. Quelques leaders de l'opposition sont arrivés à 9 heures et l'un d'entre eux a prononcé une courte allocution de cinq minutes. "Restez vigilants pour préserver la victoire du peuple. Restez mobilisés pour les mots d'ordre à venir", a lancé à la petite foule Jean-Hubert Bazié, chef du parti Convergence de l'espoir. "L'opposition réaffirme la nécessité d'une transition consensuelle pour ramener l'ordre constitutionnel", a-t-il aussi déclaré, avant de demander aux gens de se disperser dans le calme. Aucune unité des forces de l'ordre n'était visible sur la place. Par ailleurs, la situation était calme dans les rues de Ouagadougou, avec une circulation réduite et quelques commerces ouverts comme à l'habitude le dimanche, selon des médias. M. T.