Quelques heures après avoir désigné l'ancien Premier ministre togolais, Edem Kodjo, comme son envoyé spécial pour le Burkina Faso, et salué la décision du président Blaise Compaoré de quitter le pouvoir, elle somme l'armée qui a placé le lieutenant-colonel Isaac Zida à la tête de l'autorité de transition, de « transférer » le pouvoir aux civils d'ici 15 jours. « Faute de quoi, elle imposera des sanctions », prévient Simeon Oyono Esono, chef du Conseil de paix et de sécurité de l'UA. Combinées au délai, ces menaces pourraient pousser les acteurs politiques et militaires burkinabés à relever le défi. L'armée se dit prête à transférer la transition aux civils, si l'opposition burkinabée accorde ses violons. Le lieutenant-colonel Zida promet « un pouvoir exécutif » dirigé par une personnalité consensuelle désignée dans un délai « le plus bref possible » par tous les acteurs de la vie nationale. Même divisée, l'opposition refuse de se faire dicter la solution. Elle affirme avoir la formule. Zéphirin Diabré, son chef de file, convaincu que l'armée est disposée à se concerter avec « toutes les forces vives de la nation » pour établir un schéma écrit devant conduire à un processus de transition démocratique conforme à la Constitution, a présenté, lundi dernier, un scénario de sortie de crise. Ce scénario prévoit un préalable : que le Conseil constitutionnel s'autosaisisse et constate la vacance du pouvoir. Le Conseil se tournera ensuite vers les « forces vives » de la nation. Ces dernières devront s'entendre sur les personnalités qui dirigeront la transition. Le général retraité Kouamé Lougué, à qui des dizaines de milliers de manifestants ont demandé de prendre le pouvoir, pourrait hériter de cette « responsabilité ». Les forces vives devraient rédiger, en collaboration avec l'armée, une « charte constitutionnelle de la transition ». Des juristes seraient déjà à pied d'œuvre. A Ouagadougou, Mohamed Ibn Chambas, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest, et le lieutenant-colonel Zida poursuivent leurs consultations pour mettre sur pied une transition conforme à la Constitution. Selon l'UA, les circonstances qui ont conduit à la démission du président Compaoré étaient dirigées par les civils, mais les militaires en ont profité pour prendre le pouvoir. « L'UA, déclare Esono, est sûre que le changement de gouvernement est contre la démocratie. » Et d'ajouter : « L'UA se réunira dans deux semaines pour discuter et examiner les développements politiques et des sanctions seront examinées à temps si l'armée ne parvient pas à remettre le pouvoir à une administration civile. »