Les cinq ressortissants allemands seront présentés à la justice pour infraction à la sécurité et violation de la réglementation régissant le Parc national du Tassili. L'énigme de la disparition de 5 touristes allemands à Djanet (Illizi), le 17 novembre en cours, est finalement connue : le pillage du patrimoine archéologique. Après 4 jours d'intenses et ininterrompues recherches menées par les services de sécurité (armée, gendarmerie) dans le parc du Tassili, les touristes ont été retrouvés au lieu dit erg Admar, à 95 km au sud de Djanet, nous a confié, hier, une source militaire ayant pris une part active dans les recherches. C'est dans leur sommeil que les “égarés” ont été surpris, la nuit du samedi, aux environs de 23 heures, pour être conduits le lendemain à 3 heures du matin au siège de la compagnie de gendarmerie nationale de la daïra de Djanet. Les éléments de ce corps les ont entendus toute la journée d'hier. Et pour cause, il a été trouvé en possession de ces touristes au moins une trentaine de pièces archéologiques. La piste du pillage étant avérée, l'Office du parc national du Tassili (Opnt) s'est constitué, hier toujours, partie civile et a déposé une plainte contre ces touristes-pilleurs auprès de la gendarmerie de Djanet. L'objet de la plainte ? Le non-respect de la réglementation régissant le Parc national du Tassili et le ramassage illégal d'objets archéologiques. C'est ce que nous a indiqué M. Semmadi Mohamed-Laïd, sous-directeur de l'Opnt. Une plainte déposée sur la base de la loi 98/04 portant protection du patrimoine national et bien d'autres textes de loi afférents à la réglementation du parc. Selon M. Semmadi, les touristes-pilleurs risquent une amende ou carrément un emprisonnement. Toutefois, la décision revient à la justice. En outre, M. Semmadi a reproché aux touristes d'avoir emprunté des circuits illicites. Bien plus, ces derniers ont violé la réglementation en ne s'inscrivant pas à l'Onpt, service chargé du mouvement touristique. Sans le visa de cet office, aucun touriste ne peut se rendre dans le Tassili. Ce que les touristes allemands n'ont pas fait. La source militaire, dont il est question plus haut, atteste que ces derniers ont emprunté des routes peu ou pas du tout fréquentées et d'accès difficile. Aussi n'a-t-elle pas hésité à soutenir que “leur but n'est rien d'autre que le vol”. Il semble qu'un certain Ernest, habitué des lieux, est à son 5e voyage dans la région ; il serait le meneur de ce groupe. C'est un responsable d'une agence pirate, c'est-à-dire qu'il s'est déplacé avec un ordre de mission qui n'est pas le sien. Selon la même source, ce sont particulièrement les touristes italiens et allemands qui posent vraiment problème. Des agences hors la loi Pour sa part, le directeur du tourisme de la wilaya d'Illizi estime qu'en général, ce sont les touristes qui se déplacent seuls, sans l'encadrement d'une agence, qui ne se conforment pas souvent à la réglementation. Toute agence de voyages est tenue par un engagement vis-à-vis des autorités. Celle-ci, pour sa part, impose aux touristes la signature d'un contrat. Ceci dit, les touristes allemands n'ont à aucun moment nié les faits qui leur sont reprochés. C'est ce que nous a indiqué une autre source. Ce qu'il faut savoir également, c'est que dès leur arrivée à Djanet, ils avaient annoncé la couleur. Ils tenaient absolument à se rendre dans le Tassili sans la moindre escorte d'un quelconque guide. Ce sont là les affirmations de M. Abdelkader Bouaka, directeur de l'hôtel Zeriba. C'est dans son établissement qu'ils ont passé deux nuits. “C'est le 14 novembre, aux environs de 13 heures, qu'ils sont arrivés ici. Le lendemain, ils ont émis le vœu de partir seuls dans le Tassili. Un problème est ainsi survenu avec leur guide qui a refusé cette proposition et a fait appel à la gendarmerie ; les éléments de ce corps, arrivés à la mi-journée, leur ont enjoint l'interdiction de s'y rendre sans leur guide. Le lendemain, 16 novembre, ils ont passé outre à l'accord donné la veille en se rendant seuls au Tassili, faussant ainsi compagnie à leur guide occupé par les formalités administratives auprès de la police”, a-t-il témoigné. Ceci dit, les citoyens et les responsables de la ville de Djanet ont très mal apprécié le “tapage” médiatique qui a accompagné cette affaire. Ils ont grandement peur que la saison touristique soit gâtée. Car ce qu'il faut savoir, c'est que le Tout-Djanet ne vit pratiquement que du tourisme. Donc la crainte est réelle qu'avec cette “affaire”, le pic de la fin de l'année risque d'être compromis. A. C.