Le procès des cinq « touristes » pilleurs de nationalité allemande, arrêtés le 20 novembre dernier dans le Tassili, plus précisément dans l'erg Admer, s'ouvre aujourd'hui au tribunal de Djanet. Procès qui revêt un caractère particulier, voire historique du fait que, cette fois-ci, ce sont des étrangers qui passeront à la barre, ce qui arrive pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie. L'affaire a commencé le 16 novembre, jour où Hellmeler Ernst, 53 ans (chef de groupe et connaisseur de la région), Lehmann Dirk, 38 ans, Garhammer Wofgang, 43 ans, accompagnés de deux femmes, à savoir Kellner El Friede, 44 ans, et Wolf Elsabeth, 56 ans, ont quitté l'hôtel de la ville, Zeriba en l'occurrence, pour entrer dans le parc national du Tassili sans guide ni autorisation. Cinq jours plus tard, les services de sécurité les ont retrouvés avec quelque 130 pièces précieuses en leur possession. La plainte, qui a été portée le lendemain de leur arrestation par le directeur de l'Office du parc national du Tassili (OPNT), Hocine Ambés, s'est appuyée sur la loi 90-04 portant protection du patrimoine culturel du 14 juin 1998, plus exactement tous les articles se rapportant au volet pénalisation et infraction, allant de l'article 98 à 105. Le crime Elle se réfère également aux deux décrets présidentiels 87-88 et 87-89 portant réglementation du parc du Tassili. Plainte qui a été essentiellement motivée par le non-respect de la réglementation régissant le parc national du Tassili et le ramassage illégal de pièces archéologiques. Le 23 novembre, les cinq mis en cause ont été déférés devant la procureur de la République, avant qu'ils soient mis sous mandat de dépôt et écroués à la maison d'arrêt de la wilaya d'Illizi. Les chefs d'inculpation retenus contre eux : infraction à la réglementation du parc du Tassili, ramassage illégal de pièces précieuses et non-déclaration d'un matériel soumis à autorisation. Selon des sources judiciaires qui ont requis l'anonymat, « la loi algérienne ne fait pas de distinction entre un Algérien et un étranger, entre un Noir et un Blanc. Elle sera appliquée à la lettre ». Le directeur de l'OPNT sera présent au procès en tant que partie civile et expert. La défense sera constituée de maître Bouchaïb venant d'Alger. Pour le sous-directeur de l'OPNT, Semmadi Mohamed El Aïd, les cinq forbans devraient écoper d'une lourde peine, car ils ont commis un « crime » contre l'humanité, puisqu'ils ont pillé un patrimoine universel. A ses yeux, les prévenus risquent soit une forte amende, soit une peine allant d'un an jusqu'à trois ans de prison ferme. Selon M. Semmadi, l'OPNT fera tout pour que le procès ait un écho tant au niveau national qu'international. Au cas où la justice ne prononcerait pas une lourde peine, l'OPNT fera appel. « Nous devons protéger ce patrimoine. Il faut que le verdict reflète la gravité des infractions commises pour que cela serve de barrage contre toute autre tentative de pillage et d'infraction à la loi en vigueur. Nous avons accompli notre mission qui est celle de protéger, préserver et mettre en valeur ce patrimoine. Nous souhaitons que la justice fasse aussi son travail », a-t-il souligné. Ayant appris la nouvelle, des touristes allemands rencontrés à Djanet condamnent l'acte de ces « larrons ». Ils souhaitent que la justice fasse convenablement son travail et leur inflige la peine qu'ils méritent. Même son de cloche chez les autres touristes étrangers qui sont ahuris par cet « acte grave et criminel ». Elisabeth, venue de France, plus exactement de la région lyonnaise, qualifie le comportement de ces « touristes » d'« absurde ». Ils méritent tous « les châtiments ». « Le Tassili est un patrimoine qui appartient au monde entier. Il mérite un minimum de respect. Il ne faut pas laisser passer des infractions pareilles pour que telles choses ne se répètent plus », dit-elle.