La loi de finances 2015, tout comme celles qui l'ont précédée depuis 2008, est inscrite sous le signe d'une importante croissance des dépenses publiques, d'où un déficit budgétaire d'environ 50 milliards de dollars. Les parlementaires algériens ont approuvé, voici quelques jours, un projet de budget de l'Etat qui ne prévoit pas moins de 8 858 milliards de DA (plus de 110 milliards de dollars) de dépenses publiques, en hausse de 15,7% par rapport à la loi de finances de 2014. Cette nouvelle croissance des dépenses de l'Etat est induite notamment par une forte croissance des dépenses d'équipement (+32,1%). La loi de finances 2015 prévoit des autorisations de programme (AP) pour 4 079 milliards de DA (près de 50 milliards de dollars), des crédits de paiement (CP) pour 3 885 milliards de DA et un programme neuf de 1 178 milliards de DA. Plus de 62 milliards de dollars de dépenses de fonctionnement La hausse des dépenses de l'Etat au titre de l'exercice 2015 s'explique également par la croissance des dépenses de fonctionnement. Elles sont évaluées à 4 972 milliards de DA (un peu plus de 62 milliards de dollars) en 2015 contre 4 714 milliards de DA en 2014 (+5,5%), évoluant notamment sous l'effet des accroissements des dépenses de rémunérations du personnel des administrations qui augmentent de 6,45% par rapport à la LF 2014. Cette augmentation de 6,45% dans cette catégorie de dépenses intervient sous l'effet combiné de la prise en charge de nouveaux postes budgétaires et du produit de la formation ainsi que de l'impact des avancements dans les carrières, portant ainsi à 2 104 milliards de DA les dépenses de rémunération. Le texte prévoit, par ailleurs, de consacrer le montant de 1 711 milliards de DA au titre des transferts sociaux en provenance du budget de l'Etat en 2015, ce qui représente 9,1% du PIB et une hausse de 6,4% par rapport à 2014. Une part de 65% des ces transferts devra être destinée au soutien aux familles, à l'habitat et à la santé. Les subventions des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huile alimentaire) absorberont 13,2% de l'ensemble des transferts. Le budget de fonctionnement de l'Etat pour l'exercice 2015 intégrera en outre un montant de 310,5 milliards de DA de provision groupée couvrant notamment l'incidence de la révision de la définition du salaire minimum garanti (SNMG) et d'autres dépenses liées à la protection de personnes âgées et l'impact éventuel lié aux fluctuations des cours du blé et de la poudre de lait sur le marché international. Consacrée pour la première fois dans le PLF 2015, la définition du SNMG a été révisée à la faveur de l'abrogation de l'article 87 bis de la loi n°90-11 du 21 avril 1990, relative aux relations du travail, annoncée en février dernier. Le déficit en hausse et le Fonds de régulation (FRR) en baisse La loi de finances pour 2015 prévoit des recettes budgétaires de l'ordre de 4 684 milliards de DA (un peu moins de 60 milliards de dollars) et un déficit budgétaire de 4 173 milliards de DA, soit environ 50 milliards de dollars (22% du produit intérieur brut (PIB). Du côté des recettes, le budget de l'Etat pour 2015 table sur des produits de la fiscalité pétrolière de l'ordre de 1 722 milliards de DA et des recettes non pétrolières de 2 961 milliards de DA. Evoluant sous l'effet de la progression de 3,68% du volume des exportations d'hydrocarbures. La fiscalité pétrolière à recouvrer effectivement en 2015 devrait s'établir à 4 357 milliards de DA sur la base d'une hypothèse de prix de marché du baril de pétrole de 100 dollars. Avec un solde prévu en baisse sensible à 4 429 milliards de DA à fin 2015 (contre 5 284 milliards de DA prévu à fin 2014), le FRR devra financer une part de 83,3% du déficit du Trésor public (3 489 milliards de DA). On peut rappeler, en conclusion, qu'une délégation du FMI avait mis en avant, en octobre dernier à Alger, l'urgence pour les pouvoirs publics d'œuvrer à rééquilibrer les finances de l'Etat en définissant surtout un plancher de déficit budgétaire à ne pas dépasser sur une durée déterminée. Selon les estimations du Fonds, l'Algérie devrait finir l'année 2014 avec un déficit réel de plus de 6%, en raison notamment de "la diminution des recettes des hydrocarbures", d'"une nette augmentation des dépenses en capital" et du maintien d'"un niveau élevé de dépenses courantes". H. H.