Quatrième chapitre : Karim Résumé : Nassima finit par la retrouver à l'hôpital. Ihssane ne veut pas la perdre maintenant, alors qu'elle cherche son père biologique. Une fois rassurée sur l'état de sa mère, elle quitte les urgences, pour ne pas tomber sur son mari. En voyant une mendiante, elle pense à son père. Elle a souvent vu des hommes cloués dans des fauteuils roulants, demandant la charité. Et si son père était l'un d'eux ? Elle décide de faire un tour à Alger-Centre... Ihssane ralentit à chaque fois qu'elle voit un homme dans un fauteuil roulant. Elle se rappelle bien le visage de son père biologique. Elle essaie de l'imaginer avec des cheveux gris et même chauve. - Il n'a plus ses jambes, se dit-elle. Est-ce qu'il porte des prothèses ou les dissimule-t-il sous un drap ? Elle trouve où se garer et marche dans la place des Martyrs à la place Audin. Elle s'est arrêtée près des mendiants, a donné à chacun une pièce et elle s'est rapprochée d'une vieille installée au niveau des escaliers menant au marché. - Paye-moi quelque chose, lui demande-t-elle. Ihssane s'efforce à sourire et entre dans une boulangerie, lui achetant des gâteaux. Elle lui remet la boîte et reçoit, en retour, des vœux de santé et de bonheur. - El-hadja, il y a longtemps que tu es ici ! Connais-tu un homme amputé des jambes ? Il doit avoir la cinquantaine... - Ya benti, kayen bezzaf ! Des hommes qui ont perdu la vue, la main, la jambe ! La misère rend plus vieux. S'il squatte un coin pour faire la manche, ce doit être du côté de Hassiba-Ben-Bouali ! Je me rappelle en avoir vu un ! Mais j'ignore si c'est lui ! Même si ce n'est pas sûr que ce soit lui, elle s'y rend. Elle en trouve deux, mais ils sont plus âgés et ne ressemblent en rien à la photo de son père. Elle marche encore dans les rues avant de retourner sur ses pas. Son portable vibre dans son sac. Elle reconnaît le numéro de Lynda et décroche rapidement. Elle prend de ses nouvelles et ne cache pas son soulagement. - J'ai eu peur pour toi ! Je voulais rester, dit-elle. Mais je ne voulais pas te mettre dans la gêne. Je voulais éviter ton mari ! - Tu aurais dû rester ! Quand te reverrai-je ? - Je l'ignore ! Repose-toi et suis ton traitement ! Je ne veux pas te perdre maintenant !, dit Ihssane. Je viens de te retrouver, et si je ne t'aimais pas autant, avoue-t-elle, je serais restée, quitte à créer des problèmes ! - Non, reviens quand tu veux ! Je te donnerai mon adresse ! Je veux passer du temps avec toi, à défaut de rattraper toutes ces années ! - Reprends des forces et je te promets qu'on fera un bout de chemin ensemble !, dit Ihssane, avant de se mordre la lèvre, consciente d'attendre beaucoup de sa mère qui avait sa vie et sa famille et dont elle ne fera jamais partie. Je dois te laisser !, ajoute-t-elle, ne voulant pas la laisser en rade. On s'appelle plus tard... Elle coupe et retourne à sa voiture. Elle gare sa voiture dans un parking privé. Elle ne veut pas mentir à sa famille. Elle traîne trop de mensonges derrière elle, depuis qu'elle s'est mise à chercher ses parents biologiques. Elle fait quelques achats avant de rentrer. Auprès de ses grands-parents, elle prétexte avoir un examen à préparer, pour pouvoir s'isoler dans sa chambre. Plus tard dans la journée, sa mère Zina la surprend en leur rendant visite. - Maman, qu'est-ce qui t'amène ? - Tu n'es pas heureuse de me voir ?, rétorque Zina. Tu ne m'as pas appelée depuis avant-hier ! Mais tu es pardonnée, puisque tu es concentrée sur tes études ! Je suis venue te parler de Ryan. Sa mère m'a appelée au travail, pour savoir quand ils pourraient nous rendre visite ! - Ah !, s'écrie Ihssane de surprise. Quand t'a-t-elle appelée ? - Hier... Ihssane détourne les yeux. C'était avant que Lynda n'ait ce malaise. Par sa faute. Si elle ne lui avait pas raconté ce qui était advenu de Karim, elle ne l'aurait pas eu. - Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Tu es si triste ! Qu'est-ce que tu me caches encore ? Je veux tout savoir ! Je ne te pardonnerai plus d'avoir des secrets pour moi ! Je suis ta mère !, martèle-t-elle. Tu entends ? Allez, vide ton sac ! Tout de suite ! (À suivre) A. K.