Résumé : Lynda arrive avec un peu de retard. Elle a offert une voiture neuve à Ihssane. Lorsque celle-ci lui raconte l'accident qui avait empêché Karim de les retrouver, il leur semble que des pièces de puzzle s'assemblaient. Ihssane appelle khalti Ourida et l'interroge. Aux réponses qu'elle donne, il est clair que Karim voyageait avec elle et deux autres amis. Lynda se sent mal. Elle a mal au cœur au point de ne pas pouvoir respirer... Ihssane a l'impression de vivre un cauchemar, d'y assister. Les serveurs l'ont aidée à porter Lynda à la voiture. Un client a bien appelé le Samu, mais la jeune fille ne veut pas perdre de temps. Elle la garde dans ses bras, priant du fond du cœur pour que son état ne s'aggrave pas. Lynda respire difficilement. Son regard est vitreux. - Accroche-toi ! Tu ne peux pas m'abandonner maintenant, dit Ihssane, alors que sa main s'accroche à la sienne. Maman, accroche-toi ! Mais Lynda ne répond pas. Il semble à la jeune fille que le serveur qui a bien voulu conduire à sa place ne va pas assez vite. - à cette allure, on n'arrivera jamais ! - Patience ! Tous conduisent comme ils veulent ! Si j'accélère, je risque de faire un accident ! Même si le temps lui paraît long, ils finissent par arriver à l'hôpital. Lynda est vite prise en charge par l'équipe des urgences. Ihssane renseigne au mieux le médecin qui disparaît derrière les portes de la salle des soins intensifs. Le serveur, qui a garé la voiture un peu plus loin, vient lui remettre les clefs. - Ne pleure pas ! Incha Allah elle s'en sortira ! Elle murmure des remerciements alors qu'il poursuit. - Appelle quelqu'un de ta famille ! Tu ne peux pas rester seule ! - Oui, je vais le faire, promet-elle en sortant son portable. Les numéros défilent, mais elle hésite à joindre sa famille. En fait, elle craint leur réaction. Elle préfère alerter Nassima, la mère de Ryan. Elle lui demande de la rejoindre aux urgences, sans lui dire de quoi il en retourne. Comme elle est à l'autre bout d'Alger, elle prend près d'une heure pour arriver. - Qu'est-ce qui t'est arrivé ? C'est ta tête ? Ta jambe ? Ils ne se sont pas encore occupés de toi !, constate-t-elle. Ça fait longtemps que tu attends ? Ma fille, tu aurais dû m'appeler ! Mais ce n'est pas trop tard ! Je préfère t'emmener dans un centre de santé privé ! Même si ça coûte bonbon, je suis là !, la rassure Nassima en la prenant par le bras, sans lui avoir donné le temps de répondre à une question. Ryan m'en voudra à mort si je ne prends pas soin de toi ! Partons d'ici ! Je me faisais un sang d'encre durant tout le chemin ! Allah m'est témoin, si je n'ai pas cherché après toi c'est parce que j'étais dépassée ! Viens, partons ! Ne perdons pas de temps ! - Khalti, il ne s'agit pas de moi, mais de ta belle-sœur Lynda ! Elle a eu un malaise ! Elle est entre les mains du médecin urgentiste ! - Oh mon Dieu, mais qu'est-il arrivé ? Raconte moi ! Ihssane, qui ne sait toujours pas quoi raconter, ne dit pas la vérité. - Je passais par là quand je l'ai vue au volant de sa voiture. Je m'en étais approchée pour lui parler mais elle ne réagissait pas ! J'avais fini par comprendre qu'elle n'allait pas bien ! Je l'ai amenée ici ! C'est l'hôpital le plus proche... - Ce n'est pas par hasard que tu t'es trouvée sur son chemin ! C'était pour lui venir en aide ! Je comprends pourquoi mon fils tient tant à toi ! Nassima appelle ses beaux-parents et son beau-frère pour les mettre au courant. - Je vais tenter de savoir comment elle va ! Ihssane pense à partir. Elle ne veut pas tomber sur le mari de Lynda. Mais son cœur la cloue sur le banc. Elle prie du fond du cœur pour que Lynda s'en sorte. Elle a le moral à plat. Elle sursaute presque lorsque Nassima pose la main sur son épaule. - Ne pleure pas ! Elle va bien ! Ma chère belle-sœur n'a plus toute sa tête ! Elle ne cesse d'oublier de prendre son traitement ! Elle nous a donné une belle frayeur ! - Grâce à Dieu, elle s'en sort ! Khalti, je dois rentrer ! Mes grands-parents m'attendent, prétexte-t-elle, soulagée. Je t'appellerai plus tard ! Elle s'en va, comme une voleuse, sans se retourner. Mais elle se retrouve avec un autre problème. Qu'allait-elle faire de la voiture ? Si elle la prend, elle devra expliquer sa provenance. "Maman Zina va m'en vouloir !", pense-t-elle en démarrant. "Elle va croire que je me détourne d'elle ! Si elle pouvait savoir combien je l'aime et combien je lui suis reconnaissante !" Tout en conduisant, en apercevant une mendiante, elle se rappelle avoir souvent vu des hommes cloués dans des fauteuils roulants, dans les grandes artères de la capitale, à tendre la main vers les passants. Et si son père était l'un d'eux. Dans sa condition physique, il ne devait pas travailler. La vie ne lui laissait pas le choix. Elle ne rentre pas à la maison mais fait le tour d'Alger-Centre... (À suivre) A. K.