Alors que les Palestiniens de la partie orientale de la ville sainte de Jérusalem (Al-Qods), annexée et occupée par Israël, et la Cisjordanie occupée ne décolèrent pas depuis deux semaines, la contestation est sur le point de se propager aux Arabes d'Israël, suite à des appels de représentants de cette communauté à une grève générale des commerces et des écoles. Pour faire face à ce risque imminent d'émeutes dans les localités arabes du pays, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu hausse le ton, en menaçant de "révoquer la citoyenneté de ceux qui appellent à la destruction de l'Etat d'Israël". La police israélienne, pour sa part, a été placée en état d'alerte, dont le niveau a été élevé à 3 (4 étant le niveau maximum) dans les localités arabes du pays, où "des renforts de centaines d'hommes ont été déployés", a précisé la porte-parole de l'armée, Luba Samri. Les villes arabes israéliennes qui se sont jusqu'à présent tenues à l'écart des violences qui se sont multipliées surtout à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la Ville sainte occupée et annexée par Israël, se sont mises en colère, suite à la mort d'un jeune Arabe israélien. Kheir Hamdane, 22 ans, a été tué de sang-froid par des policiers samedi à l'aube à Kfar Kana (nord) lors d'une arrestation, déclenchant une journée de colère émaillée de heurts avec la police. Pour dénoncer ce "meurtre", un appel à la grève générale des commerces et des écoles hier a été lancé par des représentants de la communauté arabe israélienne. Les Arabes israéliens sont les descendants des 160 000 Palestiniens restés sur leurs terres après la création d'Israël en 1948. Ils sont plus de 1,4 million, soit 20% de la population israélienne. Selon la version des forces de l'ordre, Kheir Hamdane s'est interposé lors de l'arrestation dans la nuit de vendredi à samedi de l'un de ses proches pour une affaire de droit commun, menaçant les officiers avec un couteau. La police a ouvert le feu et il est décédé lors de son transfert à l'hôpital. Sa famille affirme toutefois qu'il a été "abattu de sang-froid" par les policiers alors qu'il était en train de fuir, selon des médias israéliens. Une vidéo tournée par un témoin et relayée par la police montre le jeune homme tenter d'agresser au couteau des membres d'une unité spéciale de la police à bord de leur véhicule, puis prendre la fuite. C'est à ce moment qu'un officier de police lui tire dans le dos, à plusieurs reprises. Durant la nuit, de nouveaux affrontements ont opposé des jeunes Palestiniens aux policiers israéliens, qui ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes et balles en caoutchouc. Si les raisons de la colère sont multiples – chômage, brimades, colonisation, etc. – les Palestiniens estiment qu'une "ligne rouge" a été franchie depuis que des extrémistes juifs ont renforcé leur campagne pour réclamer le droit de prier sur l'esplanade des Mosquées, lieu saint musulman également vénéré par les juifs. Le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, a une nouvelle fois assuré samedi qu'il n'était "pas question d'envisager que des juifs aillent (y) prier". Dans ce contexte où commence à se profiler une troisième intifada, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini en tournée à Jérusalem, Gaza et Ramallah, samedi, a plaidé pour une reprise des discussions de paix afin d'ouvrir la voie à un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale. Elle a de nouveau dénoncé la colonisation israélienne. Les Palestiniens ont annoncé qu'ils mettraient lundi la dernière touche à leur projet de résolution demandant à l'ONU de fixer un calendrier pour la fin de l'occupation israélienne. Ils entendre soumettre ce texte courant novembre au Conseil de sécurité. Mais il pourrait être tué dans l'œuf par un veto américain. A R