La non-application des accords interafricains arrange les affaires des compagnies aériennes étrangères qui se taillent la part du lion quant au trafic entre l'Afrique et le reste du monde. La décision de Yamoussoukro, relative à la libéralisation du marché des transports en Afrique, demeure plus que jamais de mise pour revenir sur le devant de la scène encore hier lors de la tenue du Sommet de l'assemblée générale annuelle de l'Afraa organisé à l'hôtel Hilton pour trois jours de débats déterminants pour l'avenir du transport dans le continent et bien au-delà. En chef d'orchestre de par son rôle de président de l'Afraa (l'Association des compagnies aériennes africaines), Mohamed-Salah Boultif, également P-DG de la compagnie aérienne nationale Air Algérie, a évoqué ces défis et attiré l'attention sur la nécessité d'aller de l'avant. "L'AGA va évaluer les opportunités de croissance du transport aérien en Afrique ainsi que la manière avec laquelle les opérateurs peuvent fournir des services aériens sûrs, fiables, efficaces et rentables pour soutenir le développement du continent", a-t-il déclaré à l'occasion. Et de poursuivre : "En dressant le bilan des réalités du marché, les compagnies aériennes africaines seront en mesure de mobiliser les ressources nécessaires et créer, ainsi, des partenariats pour accroître leur part de marché." Il est question de l'achèvement d'un cadre régulateur de la décision de Yamoussoukro qui serait à un stade très avancé et concerne, entre autres, la mise en place d'un cadre institutionnel définissant les règlements de compétition, la protection du consommateur, le pouvoir juridique et la réglementation des agents ainsi que la nécessité d'avoir un marché de transport aérien unique. Les intervenants ont, d'ailleurs, reconnu la faiblesse de la connectivité aérienne en Afrique et souligné la pertinence de l'ajuster au moindre coût. Dépoussiérer ainsi ce dossier qui date de plus de 14 ans, nécessite, contre toute attente, des positions courageuses des Etats membres qui, aujourd'hui plus que jamais, manifestent une réelle volonté d'agir pour cadrer avec l'agenda 2036 pour l'Afrique. Le secteur des transports devient une priorité pour les Africains qui voient dans l'ouverture du ciel de leur continent à la fois une aubaine et une stratégie salvatrice à même de booster le niveau de l'économie. L'Algérie prévoit de développer un trafic de sixième liberté et de lancer de nouvelles dessertes en direction des pays africains tels que l'Afrique du Sud, l'Ethiopie, le Nigeria, etc., après achèvement de son nouveau hub. D'autres questions ont été également abordées lors du point de presse tenu en marge de la rencontre par le SG de l'Aafra aux côtés de son hôte Mohamed-Salah Boultif, comme celle qui a été soulignée avec force sur "le retard enregistré dans la non-application de la décision de Yamoussoukro qui a freiné le développement du trafic aérien africain pour réduire sensiblement ses parts de marché". La non-application des accords interafricains arrange, en effet, les affaires des compagnies étrangères qui se taillent la part du lion quant au trafic entre l'Afrique et le reste du monde (plus de 70%). D'autres facteurs viennent se greffer à ce handicap et concernent le prix du kérosène 50% plus cher en Afrique qu'ailleurs et autres taxes aéroportuaires. Pour ce qui est du problème du virus Ebola, le SG de l'Afraa précisera que "pour Air Algérie comme pour toutes les autres compagnies aériennes membres de l'Afraa, toutes les mesures ont été prises pour prévenir contre cette maladie et toute personne qui en présenterait les symptômes n'a pas le droit de voyager". La question de l'ouverture du ciel algérien est abordée. Et Boultif de dire : "Nous ne craignons ni l'ouverture du ciel au privé ni la compétition que nous avons déjà vécue il y a quelques années avec l'arrivée ou le retour des compagnies étrangères. C'est pareil pour les compagnies de droit algérien qui ne feront que dynamiser davantage le marché à l'image de Tassili Airlines aujourd'hui tout à fait complémentaire à notre activité." N S