A Ghardaïa et ses régions, la cueillette des dattes est aussi l'occasion pour les fellahs de faire découvrir leurs célèbres coutumes et traditions. Aussi, pour clore le labeur sur une note festive, les cueilleurs organisent traditionnellement un copieux repas traditionnel appelé chakhchoukha. Voici donc venu le temps de la cueillette. Suivez le fellah entre les ceps des palmiers et les régimes. Ceux qui se sont promenés dans les palmeraies cet automne ont peut-être remarqué des régimes de dattes moins pleins que d'habitude. C'est la conséquence des grandes sécheresses de cette année et de certaines maladies phœnicicoles. Ces régimes prennent de la couleur, du vert et rouge, tandis que d'autres virent au doré. C'est la véraison. Les agriculteurs suivent cette étape avec beaucoup d'attention, car elle précède celle de la maturation. Et quand les dattes sont mûres, il faut les cueillir. Le ban des cueillettes, c'est-à-dire la date à partir de laquelle on peut commencer à cueillir, est déterminé par les fellahs eux-mêmes. Le cueilleur programme alors sa récolte en fonction de la maturité des dattes. Les cueillettes ont lieu traditionnellement entre septembre et novembre (pour Deglet Nour), mais restent tributaires des aléas climatiques. Une forte pluie ou un orage de grêle suffit à gâcher une récolte entière. Si le temps n'est pas trop capricieux, la récolte des dattes à Ghardaïa pour 2014 devrait tout de même dépasser 500 000 q. Si la mécanisation (échelles télescopiques) gagne du terrain, les cueillettes manuelles ont encore de beaux jours devant elles et séduisent une grande main-d'œuvre. De Guerrara à El-Menia en passant par Ghardaïa, Berriane et Zelfana, la joyeuse effervescence qui anime les cueilleurs Ghardaouis est visible. Aux premières lueurs du jour, les préposés aux cueillettes ont déjà leur poste au milieu des jardins, armés d'un sécateur bien aiguisé et d'une bonne dose de courage. Car le risque de tomber d'un palmier n'est pas à exclure, les régimes sont souvent hauts et les bras mis à rude épreuve ! Un à un, les régimes de dattes passent du panier du cueilleur à la hotte des ânes porteurs avant de gagner les réserves, dépôts et marchés. Après la cueillette, sous l'égide des propriétaires des jardins, les plaintes des cueilleurs cèdent vite le pas aux satisfactions et à la joie et, le soir venu, l'humeur est habituellement à la fête. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour cette année, après la chute mortelle du haut d'un palmier d'un fellah, Cheikh-Salah Kamel, âgé de 41 ans et père de trois enfants, survenue il y a quelques jours. Quoi qu'il en soit, à la fin des récoltes, la fatigue des premiers jours des cueillettes est oubliée. Mais on ne se quitte tout de même pas avant de déguster en groupe un verre de thé à la menthe et quelques bonnes dattes en étanchant la soif avec du lait de chèvre bien frais. Coutume oblige. A. H. D.