Alors que la campagne électorale pour la présidentielle bat son plein, l'Assemblée nationale constituante (ANC) sortante a annoncé qu'elle tiendrait sa dernière réunion jeudi prochain. Ce sera la séance de clôture au cours de laquelle tous les députés seront invités à apposer leur signature au bas d'une copie manuscrite de la Constitution pour laquelle elle avait été élue. Le mandat, accordé en octobre 2011 était d'une année. Mais, l'ANC a mis trois ans pour évacuer le Palais du Bardo. La réunion de l'ANC se tiendra 48 heures avant le silence électoral qui sera observé à la veille du scrutin présidentiel du dimanche 23 novembre après une campagne mi-figue, mi- raisin qui met aux prises 25 candidats sur les 27 inscrits. De l'avis du principal acteur, c'est-à-dire l'électeur, cette campagne ne s'est pas hissée, à une semaine de sa clôture, au niveau de ses attentes. L'électeur espérait voir les candidats présenter des programmes clairs pour décider de son vote. Mais la plupart des candidats ou du moins ceux qui se considèrent comme favoris ne cessent de multiplier les bavures. Que ce soit personnellement ou par l'intermédiaire de leur directeur de campagne, ils se sont mis à se discréditer mutuellement. Chercher le dénigrement du rival semble être le principal souci des candidats comme c'est le cas de Béji Caïd Essebsi ou de Mohamed Moncef Marzouki, actuel locataire du palais de Carthage. Leurs discours sont truffés de vocables trahissant les animosités qu'ils nourrissent l'un envers l'autre. Celui qui brille comme principale cible est Marzouki qui a été accusé, par le directeur de la campagne de Caïd Essebsi de "soutien du terrorisme" alors que le candidat indépendant Mustapha Kamel Nebli a appelé le parquet à enquêter sur les propos de Marzouki. Celui-ci n'a pas hésité à qualifier ses adversaires de "taghout". Pour défendre son patron, Adnène Manser, directeur de campagne de Marzouki a lancé un défi à Béji Caïd Essebsi pour un "face-à-face" entre les deux candidats, sans obtenir de réponse. Les attaques contre Nidaa Tounès et son patron ne s'arrêtent pas là. Les sociaux-démocrates, (Mustapha Ben Jaâfar, Ahmed Néjib Chebbi) ou le gauchiste Hamma Hammami, ne chôment pas non plus. Sans baisser le niveau de leurs interventions à celui des deux favoris (Marzouki et Essebsi), ils appellent les électeurs à se dresser, comme, un seul homme, contre le candidat de Nidaa Tounès, parti vainqueur des législatives. Leur but est bien entendu d'accéder à la présidence de la République, mais surtout, disent-ils, d'éviter que les deux têtes de l'exécutif ne soient accaparées par un même parti, et partant, d'éviter un éventuel retour de la dictature, ce qu'ils traduisent par le vocable arabe "taghaouel", aujourd'hui sur toutes les bouches des Tunisiens. Ainsi, malgré l'échec de la tentative de Ben Jaâfar de réunir les sociaux-démocrates autour d'un candidat consensuel pour éviter l'éparpillement des voix, des sources sûres de ce courant politique affirment que les ponts ne sont pas complètement coupés et qu'on pourrait parvenir à un accord qui donnerait davantage de force et plus de chances à leur courant dans la course à la présidence. Autre caractéristique de cette campagne : ce qui a, toujours, été reproché à Ennnahdha est devenu monnaie courante chez certains candidats qui ont opté pour l'exploitation de la religion à des fins électorales. Outre Béji Caïd Essebsi qui s'est affiché faisant sa prière, on a enregistré des visites de candidats aux mausolées dans diverses régions du pays. Même le marxiste Hamma Hammami s'est adonné à ce jeu jugé porteur face à un électorat attaché à la religion.