Résumé : Ihssane n'accepte pas la réalité. Karim leur raconte avoir perdu la mémoire lors de son accident. Il n'avait pas seulement perdu ses jambes mais aussi ce qui le rattachait aux autres. Même sa famille, il ne l'avait pas reconnue. Le temps passé en sa compagnie et le suivi chez des thérapeutes ne lui ont pas permis de retrouver la mémoire. Il est en parti mort. Ihssane le prie de ne pas parler ainsi. Elle se sent mal quand il leur demande de partir, car tenter de se rappeler le passé est comme une torture pour lui... - Je peux vous aider, dit Ihssane qui ne veut pas l'abandonner à son triste sort. On ira voir d'autres psys, propose-t-elle. N'est-ce pas khali (mon oncle) ? Il en connaît plusieurs... Je viendrais vous chercher ! Je m'occuperais de tout ! Karim a un sourire désolé. - Non. Il ne faut pas le prendre mal ! Vous n'êtes pas les premiers à qui je dis de partir et de ne plus revenir ! Je vous chasse gentiment ! Je ne veux pas de la pitié ! Je suis bien avec la famille ! Partez... - Il n'est pas question de pitié !, rétorque Ihssane. J'active dans une association qui vient en aide aux gens qui en ont besoin ! Je sais que vous ne voulez pas d'aide ! Mais moi, je le ferais avec plaisir ! Je suis véhiculée et prête à tout ! - Non, non ! Je vous en prie, partez ! Je ne dépends de personne ! Je refuse de l'être...Partez ! Partez... Il se prend la tête dans les mains, proie à une nouvelle migraine. Ihssane s'approche de lui mais il lève la main pour la stopper. - Cette discussion... La douleur reprend à chaque fois que je tente de me rappeler le passé ! Je vous en prie, partez ! Krimo la prend par le bras. - On a de la peine pour toi, lui dit-il. On veut être là pour toi ! Ne le prends pas mal ! Mais Karim a tourné son fauteuil pour ne plus les voir. - Laissez-moi, gémit-il. Tirez la porte derrière vous ! Et ne revenez plus ! - Prends soin de toi alors !, dit Krimo avant de poser sa carte de visite sur la table. Je te laisse mon numéro si tu veux me joindre ! Ils l'entendent soupirer. Krimo, qui n'a pas lâché Ihssane, la force à le suivre dehors. La gorge nouée, elle n'a pas pu lui dire au revoir. Lorsque la porte se referme derrière eux, elle s'y appuie et éclate en sanglots. - Ihssane, mais qu'est-ce qui t'arrive ? Tu ne t'attendais tout de même pas à ce qu'il te reconnaisse !, s'écrie Krimo. Tu voulais t'assurer qu'il allait bien et ne manquait de rien et c'est le cas ! - Il ne se souvient de rien ! C'est comme s'il n'avait plus d'identité !, dit-elle. Je voudrais l'aider ! - On ne peut pas le forcer ! Et même en s'imposant, cela ne changera rien à part le monter contre nous, dit Krimo. Essuie tes larmes et partons ! - J'ai de la peine pour lui ! Krimo la regarde et lui demande : - Tu n'espérais tout de même pas lui dire que tu es sa fille et qu'il te reconnaisse ! Car tu as déjà des parents ! Si Zina se doute de quoi que ce soit, tu peux être sûre qu'elle nous en voudra à mort ! Surtout à moi, car je suis entré dans ta combine ! Si j'ai accepté de t'aider, c'est pour que tu en finisses une bonne fois pour toutes avec ces recherches qui te perdent et t'éloignent de ta vraie famille qui t'aime ! C'est bien malheureux ce qu'il lui est arrivé, mais on ne peut pas changer le passé, et ton avenir est tout tracé ! Il faut que tu fermes cette porte du passé et que tu avances dans la vie, sans t'accrocher à des boulets ! Tu entends Ihssane ? Quand Zina t'a adoptée, elle était devenue la mère la plus heureuse du monde ! Avec ton comportement, tu ne t'en rends pas compte, mais elle souffre ! Tu ne voudrais pas être à l'origine de son malheur, n'est-ce pas ? - Non... Elle s'accroche à son bras et le suit jusqu'à la voiture. Sans lui, elle ne serait jamais rentrée à la maison. Les larmes l'aveuglent. Tout ce que lui dit son oncle lui parvient dans un écho lointain... (À suivre) A. K.