La note de conjoncture de la Banque centrale signale une contraction des réserves de changes à 193,269 milliards de dollars, une baisse des ressources du Fonds de régulation des recettes de 5 238,80 milliards de dinars à 4 773,51 milliards de dinars et un déficit de la balance des paiements de 2,3 milliards de dollars. La baisse des quantités d'hydrocarbures exportées durant le premier semestre de l'exercice actuel n'a pas été sans conséquence sur les revenus du pays. Les exportations du pétrole et du gaz ont enregistré un recul de 1,37% pendant le premier semestre 2014 et se sont établies à 31,83 milliards de dollars contre 32,27 milliards de dollars à la même période en 2013. Cette baisse en rythme semestriel de ces exportations s'explique par la diminution des quantités exportées, évaluée à -1,02%, soit de 51,11 millions de TEP (tonne équivalent en pétrole) au premier semestre 2013 à 50,59 millions de TEP à la même période de l'année en cours. En dépit d'une "relative bonne tenue" des prix des hydrocarbures qui ont atteint 110,27 dollars/baril au 2e trimestre 2014 contre 109,55 dollars/baril au 1er trimestre 2014, les recettes pétrolières sont maintenues entre 31 et 32 milliards de dollars. "La ventilation des exportations indique que la baisse des hydrocarbures gazeux exportés, estimée à -1,34 milliard de dollars, n'a été compensée que partiellement par l'augmentation des exportations d'hydrocarbures liquides, évaluée à +0,90 milliard de dollars", explique la note de conjoncture du premier semestre 2014 de la Banque d'Algérie. Parallèlement, indique le document de la Banque d'Algérie, les importations de biens ont poursuivi leur progression à 29,83 milliards de dollars au premier semestre 2014 contre 29,22 milliards de dollars à la même période de 2013. "Cet emballement des importations est dû aux hausses enregistrées par les groupes des biens d'équipements industriels, produits semi-finis et biens alimentaires, dans un contexte de recul de celles liées aux groupes énergie et biens de consommation non alimentaires", explique la Banque d'Algérie. L'analyse par groupe de produits montre que les importations de "biens d'équipements industriels", qui occupent le premier rang avec une part relative de 29,2%, ont enregistré une hausse de l'ordre de 9,3% au premier semestre 2014, contribuant ainsi à hauteur de 123% à la hausse totale des importations de biens. Cet accroissement a concerné davantage l'importation des turbines à gaz. Avec une contribution de 77,4% à la hausse totale des importations, les importations de "produits semi-finis" qui occupent le second rang, avec une part relative de 20,7%, ont progressé de 8,2% au cours de la période sous revue. Des importations en hausse... "Avec une part relative de 18,2% les situant au troisième rang, les importations de ‘biens alimentaires' ont connu une hausse sensible, passant de 4,8 milliards de dollars au premier semestre 2013 à 5,4 milliards de dollars au titre de la période sous revue", affirment les rédacteurs de la note. Ce sont les importations de lait et de poudre de lait qui ont le plus augmenté, passant de 645,5 millions de dollars au cours du premier semestre de 2013 à 1,2 milliard de dollars au cours du premier semestre de 2014. Les importations de "biens de consommation non alimentaires", qui occupent le quatrième rang avec une part relative de 16,8%, ont, quant à elles, enregistré une baisse, passant de 5,3 milliards de dollars au cours du premier semestre 2013 à 5 milliards de dollars au cours de la même période de 2014. Ce recul est dû à celui des importations de véhicules de tourisme à 1,8 milliard de dollars au premier semestre 2014 contre 2,3 milliards de dollars au premier semestre 2013, pendant que les importations de médicaments se sont accrues (1,2 milliard de dollars au premier semestre 2014 contre 954 millions de dollars au premier semestre 2013). Cette situation marquée par la hausse des importations de biens, conjuguée au recul des exportations en la matière, a engendré une contraction de l'excédent commercial de la balance des paiements de l'ordre de 911 millions de dollars, passant de 3,667 milliards de dollars au premier semestre 2013 à 2,756 milliards de dollars au premier semestre 2014. À cela, il y a lieu d'ajouter le déficit du poste "services hors revenus des facteurs" qui s'est aggravé de 851 millions de dollars, passant de 3,2 milliards de dollars au premier semestre de 2013 à 4,1 milliards de dollars au premier semestre 2014. Ce creusement du déficit intervient à la suite de la hausse des importations des services techniques et de ceux liés au bâtiment et travaux publics, qui ont progressé, respectivement, de 297 et de 444 millions de dollars. Par ailleurs, les sorties de ressources au titre des revenus de facteurs se sont, quant à elles, stabilisées à 4 milliards de dollars en rythme semestriel. Or, les transferts nets se sont légèrement améliorés, passant de 1,4 milliard de dollars au premier semestre 2013 à 1,5 milliard de dollars au premier semestre 2014. Résultat : "Le déficit du compte courant de la balance des paiements s'est aggravé au cours du premier semestre de l'année en cours, passant de 350 millions de dollars au premier semestre 2013 à 2,3 milliards de dollars au premier semestre de 2014, sous l'effet de la contraction de l'excédent du solde commercial et du creusement des déficits des postes services et revenus", constate la Banque centrale. Cet état de fait a provoqué, ainsi, une contraction des réserves officielles de changes à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014, après une progression au second semestre 2013 à 194 milliards de dollars en fin de période. Malgré cette tendance défavorable, précise la banque des banques, le niveau des réserves de changes "reste adéquat pour permettre à l'Algérie de faire face à une persistance du choc sur la balance des paiements extérieurs pour le reste de l'année ou au-delà, d'autant que l'encours historiquement bas de la dette extérieure (3,719 milliards de dollars à fin juin 2014 contre 3,396 milliards de dollars à fin décembre 2013) concourt à la position financière extérieure nette". La "faible contraction" des recettes pétrolières s'est, selon les rédacteurs de la note, conjuguée à des exportations hors hydrocarbures en hausse "appréciable", atteignant 757 millions de dollars au premier semestre 2014 contre 620 millions de dollars durant la même période de 2013. Sur un autre registre, la situation monétaire dévoile un amenuisement des créances nettes de l'Etat sur le système bancaire, sous l'effet principalement d'une contraction des ressources du Fonds de régulation des recettes à 4 773,51 milliards de dinars à fin juin 2014 contre 5 238,80 milliards de dinars à fin 2013. Cette contraction est liée à la forte augmentation des décaissements au titre des dépenses d'équipements par rapport au premier semestre 2013, en situation de poursuite de la progression des dépenses courantes. La liquidité bancaire a été évaluée à 2 757,89 milliards de dinars à fin juin 2014. Les crédits bancaires à l'économie ont atteint les 5 760,61 milliards de dinars à fin juin 2014 contre 5 156,30 milliards de dinars à fin décembre 2013. Plus de 51% de ces prêts sont accordés au secteur privé. B K