Après de longs mois d'investigations, la Police judiciaire a rendu ses dernières conclusions au procureur de la République près le tribunal de Chéraga, sur l'affaire des fausses attestations de résidence établies à la même adresse, ainsi que la falsification d'autres documents administratifs en lien avec la vente de voitures de luxe essentiellement. L'enquête commence en 2012, après que la police a été informée de l'existence d'un réseau de trafic de certificats de résidence au profit de personnes ne demeurant pas au niveau de la daïra de Chéraga. Ce sont essentiellement des individus ayant des licences de moudjahid et habitant dans les wilayas suivantes : Biskra, Souk Ahras, Tizi Ouzou, Guelma, TlemcenMostaganem et dans les localités de Staouéli et Zéralda. Les enquêteurs de la Police judiciaire découvrent, par la suite, que ces attestations de résidence ont été délivrées à l'insu de ces détenteurs de licence de moudjahid. Les certificats ont servi à la délivrance de cartes grises et à la vente de véhicules de luxe, la majorité des Mercedes immatriculées 16. Dans une correspondance au parquet de Chéraga, la Police judiciaire relève que "l'absence de contrôle dans la délivrance de documents administratifs a entraîné la mise en circulation de véhicules avec de fausses cartes grises établies au nom de moudjahidine à des adresses fictives, ce qui rend la localisation des propriétaires réels difficile, surtout en cas d'accident de la circulation". Les enquêteurs de la Police judiciaire pensent aussi que l'adresse qui a servi à la délivrance des certificats de résidence et, par la suite, des cartes grises, en l'occurrence 159 route de Chéraga, Dély Ibrahim, a constitué une sorte de code de conduite entre les agents de l'administration pour faciliter la confection des dossiers de vente de voitures, objets de trafic. Après l'audition des employés au niveau du service de délivrance des cartes grises de la daïra de Chéraga, l'enquête s'oriente vite vers un distributeur de véhicules qui a ouvert un showroom à Dély Ibrahim. À croire certains membres de la défense des victimes, cette affaire a un lien avec celle de "El Waâd Essadek" de Sour El-Ghozlane accusé par le concessionnaire Cima Motors, dans un récent communiqué, d'avoir accaparé 283 voitures de luxe sans en avoir jamais payé le prix. Cette arnaque a causé à Cima Motors Algérie un préjudice d'environ 60 milliards de centimes et au concessionnaire Geely 20 milliards de centimes. La Sarl de Salah Moulay de Sour El Ghozlane a escroqué plusieurs particuliers en leur achetant des voitures, mais aussi des biens immobiliers sans leur verser le moindre sou. En mai dernier, il a été condamné par contumace par le tribunal de Bouira à une peine de deux années de prison ferme pour des chèques sans provision. Selon la même source, deux véhicules de Cima Motors vendus à Moulay Salah ont été récupérés dans un espace appartenant au distributeur de voitures de Dély Ibrahim et 25 autres dissimulés dans un parc non loin de la capitale. Une plainte a été déposée en juin dernier par Cima Motors auprès du tribunal de Bir-Mourad-Raïs contre le distributeur de véhicules de Dély Ibrahim. La justice le met dans un premier temps sous contrôle judiciaire avant que cette sentence soit curieusement levée. Ce dernier fait de cette décision, affirme la défense des victimes, un fonds de commerce en étalant sur la place publique sa supposée proximité avec l'actuel ministre de la Justice. Profitant du mouvement dans le corps des magistrats, il serait même allé jusqu'à prétendre que le magistrat qui l'a mis sous contrôle judiciaire a été sanctionné par une mutation à Médéa. Pour ce qui est du dossier en examen au niveau du tribunal de Chéraga sur les faux certificats de résidence, il reconnaît devant la Police judiciaire avoir acheté plusieurs licences de moudjahid, mais dément avoir entrepris des démarches auprès de la daïra ou de l'APC de Chéraga pour la délivrance de documents administratifs. Dans tous les cas, le dossier des fausses attestations de résidence connaît des lourdeurs de traitement qui suscitent de nombreuses interrogations. La procédure stagne depuis 2012 au stade de l'enquête de la Police judiciaire, ainsi que l'échange entre cette dernière et le parquet pour approfondir les investigations. N. H.