Les services d'urgences des hôpitaux de la wilaya d'Alger sont, de jour comme de nuit, dépassés par le flux important de malades dans les salles d'attente. Dans le cadre du programme de développement de la santé de proximité initié par le gouvernement, les élus de l'Assemblée populaire de la wilaya d'Alger (APW d'Alger) sont en phase de finalisation du dossier de redéploiement des urgences médicales de proximité à travers les 57 communes de la capitale. Selon la présidente de la commission chargée de la santé, de l'hygiène et de la protection de l'environnement, Mme Oulebsir, le dossier en question vient en fait à rendre les structures d'urgences existantes déjà, plus "productives" d'une part, et contribuer à diminuer, un tant soit peu la pression exercée au quotidien sur les urgences des CHU et des EHS, d'autre part. Ce qui permettra à des hôpitaux de la capitale de se désengorger. Néanmoins, il faut avouer que les services des urgences des établissements hospitaliers d'Alger sont, de jour comme de nuit, dépassés par le flux important de malades dans les salles d'attente, parfois même pour des premières urgences de soin. Alors que ces premiers soins devaient être prodigués par des structures d'urgence de proximité. La tournée effectuée jeudi soir 20 novembre 2014, par les membres de la commission de la santé, à travers trois points d'urgence de proximité (Zeghara, Mira et Raïs Hamidou), relevant de l'EPSP de Bab El-Oued, confirme que les Algérois préfèrent se rendre aux CHU. En consultant le registre des urgences de Zeghara en début de soirée, la délégation découvre que 8 personnes seulement ont été auscultées. Le même constat chiffré a été dressée lors de cette même soirée, au niveau de la polyclinique Mira, pourtant bien outillée. Une ambulance, un plateau médical technique (médecin de garde, infirmiers, service de radiologie, et un laboratoire d'analyses). Au même moment et durant la même soirée, les urgences du CHU Liamine-Debaghine (Maillot) ne désemplissent pas. Les malades et autres accompagnateurs se bousculent devant les boxes des médecins de garde. Le registre de doléances de Maillot, consulté cette soirée par la délégation de l'APW, affiche plus de 140 personnes auscultées. Des malades attendaient leur tour pour faire un aérosol ou autres soins que n'importe point d'urgence de proximité bien outillé pouvait dispenser. Des cris assourdissants par-ci et des rixes par-là, le personnel des urgences de Maillot reste submergé. Il faut noter que des scènes de dépassements et de pressions sont le lot quotidien dans les urgences des hôpitaux d'Alger. Au vu du nombre croissant qui dépasse les centaines de patients chaque nuit. Pis encore, beaucoup de patients se voient ainsi transférer vers d'autres CHU à cause de l'incapacité à accueillir plusieurs cas d'urgence ou encore faute de spécialisation. A titre d'illustration, pour des problèmes cardiologiques, le malade sera transféré vers le CHU de Beni Messous, vers l'EHS Mohamed-Maouche (ex-CNMS), ou encore vers Parnet. Ces cas apportent de l'eau au moulin des membres de la commission santé de l'APW, qui œuvrent pour l'aboutissement dans les meilleurs délais de ce dossier au niveau de la wilaya d'Alger. Pour la présidente de la commission, le programme en question s'assigne l'objectif de renforcer les structures ouvertes à travers les 57 communes, de la petite unité de soins jusqu'au point d'urgence de proximité, par un programme de moyens matériels. Des structures d'urgence de proximité ouvertes H24 Il importe de savoir que les membres de la commission de la santé ont effectué des tournées-marathons à travers les 33 points d'urgences de proximité, dans l'espoir de dresser un constat sur les insuffisances et les défaillances humaines et matérielles, tout en émettant un nombre de solutions susceptibles d'améliorer les conditions. Ce travail de proximité a été entamé, rappelons-le, en juillet dernier. La première tournée menée par l'équipe de Mme Oulebsir avait concerné les points d'urgence de proximité relevant des EPSP de Bouzaréah, Bouchenafa, Chéraga, Draria, Zéralda, Baraki et Bab El-Oued. Jusqu'au 26 novembre 2014, la délégation a visité, au total, 20 structures d'urgences. Les premières constatations de l'équipe de Mme Oulebsir font ressortir l'urgence de renforcer le dispositif matériel de la structure et de combler le déficit humain, un manque flagrant de paramédicaux de garde notamment. La délégation a relevé un déficit criant de manipulateurs de radio. Beaucoup de services de radiologie n'assurent pas la prestation de nuit, faute de techniciens de garde. Ce constat est valable pour toutes les structures qui sont dotées de matériels médicaux de pointe, mais qui ne disposent pas en nombre suffisant de techniciens spécialisés et de paramédicaux. La direction de la formation du département ministériel de Abdelmalek Boudiaf a vraiment du pain sur la planche. Au sujet du volet des équipements médicaux, la délégation a souligné qu'il existe des structures d'urgence de proximité qui sont dotées d'ambulance. Le véhicule ambulance est indispensable pour ces structures qui prodiguent les premiers soins d'urgence. Les cas de malades graves qui nécessitent une prise en charge médicale plus approfondie seront immédiatement transférés vers les CHU et cela, sous la responsabilité du chef de l'unité d'urgence de proximité. Il est prévu, dit-on, de lancer une autre opération d'acquisition des autoclaves (stérilisateurs), pour renforcer les salles de stérilisation. L'opération d'acquisition est envisagée, soit sur le budget sectoriel ou bien sur le budget de la wilaya. S'agissant des outils de travail des médecins, Mme Oulebsir rappellera que tous les médecins des EPSP de la capitale sont dotés de trousse médicale. Les structures qui ne sont pas dotées de laboratoires d'analyses, de fauteuils dentaires ou encore d'unités de radiologie seront concernées par ce programme de grande envergure. Signalons enfin que le Grand-Alger compte 10 EPSP (établissement public de la santé de proximité). Chaque EPSP supervise entre 18 à 20 dispensaires ou polycliniques. Et cet établissement compte au moins un point d'urgence de proximité H24, sinon deux ou trois même. Au total, 33 points d'urgence de proximité H24, 94 structures de santé, entre unité de soins, dispensaire, polyclinique sont ouverts à travers les 13 circonscriptions administratives d'Alger. L'aboutissement de ce dossier permettra, du coup, aux services d'urgences médicales des CHU d'améliorer la qualité de la prestation médicale, notamment en termes d'accueil des patients. H. H.