Les cours du brut ont plongé de manière quasi ininterrompue depuis la mi-juin sous l'effet conjoint de l'envolée de l'extraction de pétrole de schiste aux Etats-Unis et du ralentissement de la croissance mondiale. Les ministres des douze Etats de l'Opep doivent revoir aujourd'hui à Vienne leur plafond collectif de production, figé depuis trois ans à 30 millions de barils par jour, soit près du tiers du pétrole brut extrait quotidiennement dans le monde. Alors qu'ils semblaient fermement installés depuis trois ans autour de 100 dollars le baril, malgré les tourments géopolitiques, les cours du brut ont plongé de manière quasi ininterrompue depuis la mi-juin sous l'effet conjoint de l'envolée de l'extraction de pétrole de schiste aux Etats-Unis et du ralentissement de la croissance mondiale. La décision de l'Arabie saoudite, qui a baissé la valeur de son pétrole, a été également un facteur favorisant, voire aggravant. Le cours du baril de Brent à Londres, principal baromètre du marché pétrolier, a ainsi chuté jusqu'à 77,92 dollars le 13 novembre, soit une dégringolade de 32% en cinq mois. Cette chute pèse lourdement sur les recettes budgétaires de ses membres, et certains poussent ouvertement l'organisation à passer à l'action en réduisant sa production, dans l'espoir de stabiliser, voire de redresser, les prix du brut. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui ambitionne de rétablir l'équilibre du marché pétrolier, est pratiquement dos au mur. Elle n'a d'autre alternative que celle de réduire son offre. En effet, seule une réduction de sa production pourrait revigorer le marché pétrolier. L'Opep va agir "de manière à avoir une démarche consensuelle" pouvant dégager des solutions stables face à la chute des prix du pétrole, a déclaré, mardi, à Alger, Youcef Yousfi. Mais peut-on se suffire de cette déclaration surtout quand on sait que l'organisation est divisée. Des Etats comme le Venezuela et l'Iran prônent ouvertement une baisse de la production, tandis que l'Arabie saoudite, chef de file et premier producteur de l'Opep, résiste jusqu'ici à ces appels. En effet, Riyad ne s'empresse pas de prendre une décision susceptible de lui faire "perdre des parts de marché". Le ministre du Pétrole Ali al-Naïmi, arrivé à Vienne lundi, n'a donné aucune indication concernant une éventuelle baisse du plafond de production de l'Opep. Il a, plutôt, souligné que ce n'était "pas la première fois" que le marché connaissait "un excès d'offre". Hier, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a indiqué que le marché pétrolier est surapprovisionné, une situation qui va s'aggraver l'an prochain, et l'Opep doit y répondre avec l'appui de producteurs non membres de l'organisation. Hors Opep, un autre grand pays exportateur, la Russie, a fait savoir vendredi qu'il travaillait sur une possible baisse de sa production. Selon certaines informations, Moscou était prêt à "céder" environ 15 millions de tonnes par an si l'Arabie saoudite assurait la réduction du quota de l'Opep de 1,5 million de barils par jour (75 millions de tonnes par an). Mardi, des responsables du Venezuela et d'Arabie saoudite, membres éminents de l'Opep, ont tenu une réunion au format inédit avec des homologues de la Russie et du Mexique, deux Etats producteurs non affiliés à l'Opep. À la sortie de cette réunion inédite, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Rafael Ramirez, dont le pays milite pour une baisse importante de la production de pétrole, a confirmé qu'aucun terrain d'entente n'a pas été trouvé avec l'Arabie saoudite et les autres pays de la péninsule arabique qui sont en faveur du statu quo. Dans ces circonstances, le climat d'incertitude est à son comble avant la réunion d'aujourd'hui. La question étant de savoir si l'Arabie cédera ou non aux appels à baisser le quota. Les pronostics sont ouverts, même si le statu quo, faute de consensus, semble une issue à ne pas écarter. S. S.