L'axe Alger-Caracas, autour duquel s'est dessinée l'option d'une réduction de la production pour faire rebondir les prix, n'aura pas été en mesure d'infléchir la position du couple koweïto-saoudien. Comme attendu, le consensus n'a pas prévalu au sein du cartel des 12 pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui, réuni en conclave jeudi dans la capitale autrichienne Vienne, a finalement décidé de maintenir le plafond de sa production de 30 millions de barils par jour, malgré une dégringolade durable et continue du prix du baril. Immédiatement après l'annonce de la décision, le prix du baril a enregistré une nouvelle chute brutale, passant sous la barre symbolique des 70 dollars, son plus bas niveau depuis juillet 2010. Les pétromonarchies du Golfe, particulièrement l'Arabie saoudite et le Koweït, ont pesé de tout leur poids pour maintenir le statu quo, peu soucieux que les économies d'autres membres de l'Opep, fortement dépendantes des recettes pétrolières, pourraient subir de plein fouet les effets négatifs d'une baisse durable du prix du baril. L'axe Alger-Caracas, autour duquel s'est dessinée l'option d'une réduction de la production pour faire rebondir les prix, n'aura pas été en mesure d'infléchir la position du couple koweïto-saoudien. Cela, en dépit de la perche tendue par l'autre géant mondial du pétrole, mais non membre de l'Opep, la Russie, qui, deux jours avant la réunion de Vienne, avait annoncé avoir légèrement baissé sa production. La réunion de concertation, qui a regroupé lundi les deux membres de l'Opep, l'Arabie saoudite et le Venezuela, et deux membres non-Opep, la Russie et le Mexique, a certes établi le constat que la chute du prix du baril est inquiétante, mais n'a pas influé sur la décision de l'Opep. L'Arabie saoudite et le Koweït, dont les économies peuvent supporter sans trop de dégâts durant 2 à 3 ans un prix moyen du baril oscillant entre 70 et 80 dollars, se sont montrés extrêmement égoïstes, encore une fois. Leur attitude est dictée, ont-ils justifié, par la crainte de la perte par l'Opep de ses parts de marché. C'est, en tout cas l'explication qu'a donnée le ministre koweïtien du Pétrole, Ali Omair. "Aujourd'hui, il y a beaucoup de concurrents, et l'Opep pompe seulement 30% de la production mondiale. Il était inévitable de prendre la bonne décision de ne pas réduire la production, car une réduction peut être compensée par d'autres (producteurs) présents sur le marché." L'Opep, qui aura donc fait le choix de maintenir sa production de peur de perdre ses parts de marché, devra compter sur un hypothétique réajustement des prix en fonction de l'offre et de la demande. Hypothétique, puisque les experts s'accordent à prévoir une chute prolongée des prix du pétrole. En agissant sur le maintien du plafond de production de l'Opep, les monarchies du Golfe, l'Arabie saoudite en tête, ont eu également l'idée de dissuader les recherches en gaz de schiste en Chine et en Russie. En effet, selon les experts, un faible prix du baril découragerait les explorations dans le schiste dont le prix de production est extrêmement élevé comparativement au pétrole conventionnel. Si l'Arabie saoudite, agitée par la perte d'une grande portion de son marché aux USA, depuis l'essor du schiste chez l'oncle Sam, tente d'éviter que l'Asie, son principal marché énergétique, ne pompe le schiste, elle ferait subir, par ricochet, le même dommage à l'Algérie, membre de l'Opep, résolument portée, elle aussi, sur l'exploitation du pétrole de schiste. La baisse du prix du baril de pétrole ne resterait pas, par ailleurs, sans conséquences sur les grands projets structurants algériens, dont les financements proviennent essentiellement des recettes des exportations des hydrocarbures, lesquelles représentent, faut-il le rappeler, 98% du volume global des exportations. S A I