Des monarchies pétrolières du Golfe ont accusé avant-hier des pays non-membres de l'Opep d'avoir provoqué, par un excès de production, l'effondrement des cours du brut mais se disent confiantes que les prix vont rebondir. Les cours de l'or noir ont perdu environ 50% de leur valeur depuis la mi-juin, grevés par l'abondance de l'offre, le renforcement du dollar et la faiblesse de la demande dans un contexte de ralentissement de l'économie mondiale. Une des principales raisons (de la chute des prix) est la production irresponsable de certains producteurs hors de l'organisation (de l'Opep), dont certains sont de nouveaux venus sur le marché, a accusé le ministre émirati l'Energie, Suhail al-Mazrouei, à l'ouverture à Abou Dhabi d'un forum sur l'énergie. Il a prévenu que les pays producteurs allaient supporter, en raison de l'effondrement des cours, un fardeau économique majeur mais il a défendu comme correcte la décision de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de maintenir inchangé son plafond de production. Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, dont le pays est le premier exportateur mondial de pétrole, s'en est pris lui aussi aux pays non-membres de l'Opep. La chute des prix est due en partie à un manque de coopération de la part des principaux producteurs hors Opep, à des informations erronées et à la cupidité des spéculateurs, a-t-il martelé devant les participants. Il a ajouté que ces producteurs hors Opep finiraient par réaliser l'importance de la coopération pour assurer des nouveaux prix équitables. Le ministre saoudien a prédit que les producteurs à coûts élevés ne vont pas continuer à augmenter leurs extractions, dans une claire allusion au pétrole de schiste et des sables bitumeux en Amérique du nord. M. Mazrouei a défendu la décision de l'Opep fin novembre à Vienne de maintenir à 30 millions de barils par jour (mbj) le plafond de production malgré les appels à une réduction de l'offre pour inverser la courbe baissière des prix. La décision de l'Opep, destinée à donner du temps aux marchés pour se rééquilibrer, est correcte, stratégique et utile pour l'économie mondiale, a-t-il dit. Elle va conduire à la stabilité des prix. M. Nouaïmi est aussi confiant dans un rebond des prix. Je suis convaincu que les marchés pétroliers vont se reprendre et que les prix vont remonter, a-t-il dit. Le ministre qatari de l'Energie, Mohamed al-Sada, a aussi fait preuve d'optimisme en parlant d'une correction temporaire des cours du brut. Mais il a averti que les prix bas actuels pourraient affaiblir l'investissement, limitant ainsi la capacité de production face à une croissance future de la demande. La demande croissante sur l'énergie nécessite d'énormes investissements, a-t-il déclaré.
Pas de complot saoudien M. Nouaïmi a par ailleurs rejeté des allégations sur un complot saoudien qui consisterait à pousser les prix vers le bas à des fins politiques, soulignant que la politique pétrolière de son pays était fondée sur des principes purement économiques. Récemment, certaines analyses et informations ont parlé d'un complot saoudien politiquement motivé, utilisant le pétrole et ses prix contre tel ou tel pays. C'est sans fondement, a-t-il souligné. La Russie et l'Iran, membre de l'Opep, dont les économies dépendent largement de leurs recettes pétrolières, ont évoqué un complot tendant à maintenir des prix bas sur les marchés pétroliers. Les cours du pétrole coté à New York ont fortement rebondi vendredi, dernier jour ouvrable de la semaine, le marché tentant de trouver un équilibre dans un contexte d'inquiétudes persistantes sur l'excédent d'offre. Le prix du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier, a pris de 2,41 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 56,52 dollars, effaçant totalement sa chute de la veille à des niveaux de clôture sans précédent depuis début mai 2009. L'impact de la dégringolade des cours s'annonce sévère pour les six monarchies du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Qatar et Oman), qui pompent 17,5 millions de barils par jour (mbj). Elles devraient perdre la moitié de leurs pétrodollars, soit quelque 350 milliards de dollars par an, aux prix actuels.