Les pays de l'Opep ont décidé jeudi à Vienne de maintenir leur plafond de production de pétrole malgré la surabondance de l'offre d'or noir, faisant aussitôt plonger les cours du brut à de nouveaux plus bas depuis 2010. Nous avons débattu et à la fin, nous avons décidé de maintenir les 30 millions comme niveau (de production) pour les six prochains mois, a annoncé lors d'une conférence de presse le secrétaire général de l'organisation, Abdallah El-Badri. La nouvelle a aussitôt fait plonger les cours du pétrole à de nouveaux plus bas depuis plus de quatre ans, le Brent ayant chuté dans la foulée jusqu'à 73,80 dollars le baril, son plus faible niveau depuis le 26 août 2010, et le WTI américain étant lui tombé jusqu'à 70,14 dollars le baril, son minimum depuis le 7 juin 2010. Le cours du rouble a quant à lui dévissé, la valeur de la devise russe étant très dépendante des prix de l'or noir, tout comme les actions des compagnies pétrolières européennes, qui perdaient 2 à 4% en fin d'échanges européens. L'Opep a pris une bonne décision, a indiqué en sortant de la réunion viennoise le puissant ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, dont le pays était opposé à une réduction de la production du cartel.
Le Vénézuela repart bredouille A l'inverse, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Rafael Ramirez, qui militait quant à lui pour une importante réduction, a quitté la réunion le visage fermé, en refusant de répondre à la presse. Alors que les prix du pétrole brut ont chuté de plus de 30% depuis juin, en raison d'une offre surabondante et d'une demande affaiblie, les pays de l'Opep devaient trancher entre une réduction de leur niveau de production (qui représente près du tiers de l'offre pétrolière mondiale), inchangé depuis trois ans, ou un maintien éventuellement assorti d'un engagement à mieux respecter ce niveau. Mais les déclarations des différentes délégations n'avaient montré aucun consensus en faveur d'une réduction du plafond. Je pense que le marché va se stabiliser, et nous recherchons une stabilisation du marché à long terme, et non des mesures de court terme, avait ainsi plaidé le ministre du Pétrole des Emirats arabes unis, Suhail al-Mazrouei. Le surapprovisionnement du marché ne vient pas seulement de l'Opep, et même si l'Opep réduisait un peu sa production, cela ne résorberait pas la surcapacité du marché, avait renchéri le ministre du pétrole koweïtien, Ali al-Omair.
Le Venezuela continuera de lutter Le Venezuela continuera de lutter pour un pétrole à 100 dollars le baril, a martelé le président Nicolas Maduro après l'échec de son pays à convaincre l'Opep de réduire sa production pour soutenir des cours en baisse. Nous n'y sommes pas parvenus pour l'instant, mais nous y parviendrons et nous continuerons de tenter jusqu'à ce que les cours reviennent aux niveaux auxquels ils doivent être, c'est-à-dire autour de 100 dollars le baril, a déclaré le président lors d'une allocution radio-télévisée à Caracas. Assis sur les plus importantes réserves de brut au monde et fortement dépendant de ses revenus pétroliers qui représentent 96% de ses rentrées en devises, le Venezuela militait ardemment pour que les 12 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), réunis à Vienne, réduisent leurs quotas de production. L'Organisation a finalement décidé de maintenir sa production, à 30 millions de barils/jour, provoquant une nouvelle chute des cours sur les marchés, à 72 dollars le baril de Brent et 68 dollars le WTI américain.
Discussions avec la Russie Une baisse du plafond (principal outil de l'Opep pour réguler l'offre pétrolière mondiale) aurait pu aider à réduire le surplus d'approvisionnement sur le marché pétrolier, actuellement en surcapacité du fait du bond de la production pétrolière américaine (avec l'extraction du pétrole de schiste, notamment), couplé au ralentissement économique en Europe et en Chine, qui freine la consommation d'or noir. Mais l'abaisser aurait eu l'inconvénient pour le cartel de faire perdre des parts de marché à ses membres au profit d'autres Etats producteurs, à moins que ceux-ci ne procèdent à des baisses similaires de leur propre production. La Russie avait toutefois lancé un signal en ce sens, en annonçant mardi une baisse symbolique (25.000 barils par jour seulement) de la production de Rosneft, sa compagnie pétrolière publique, après une réunion inédite entre quelques pays, dont certains membres de l'Opep.
Crainte de perdre sa part de marché La décision de l'Opep de maintenir son objectif de production, malgré une offre surabondante, a été motivée par la crainte du cartel de perdre sa part de marché, a indiqué le ministre koweïtien du Pétrole. Aujourd'hui, il y a beaucoup de concurrents, et l'Opep pompe seulement 30% de la production mondiale, a déclaré le ministre, Ali Omair, à la chaîne satellitaire koweïtienne Al-Watan, qui l'interrogeait à Vienne où il a participé à la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Il était inévitable de prendre la bonne décision de ne pas réduire la production, car une réduction peut être compensée par d'autres producteurs présents sur le marché, a-t-il ajouté. En conséquence, nous avons décidé que les prix allaient se réajuster en fonction de l'offre et de la demande et que l'Opep était censée préserver sa part de marché pour ne pas perdre ses clients, a encore dit le ministre. L'Opep n'acceptera plus de supporter le fardeau supplémentaire d'une réduction de la production tandis que d'autres se précipitent pour augmenter leur production, a-t-il conclu. La décision de l'Opep de maintenir sa production à 30 millions de barils/jour (mbj) a aussitôt entraîné une tempête sur les marchés. Le baril de Brent de la mer du Nord échangé à Londres a chuté jusqu'à 71,25 dollars, son plus bas depuis le 7 juillet 2010, perdant 6,5 dollars depuis la clôture de la veille. De son côté, le baril de light sweet crude (WTI) coté à New York est passé sous la barre symbolique des 70 dollars dans les échanges électroniques, atteignant même 67,75 dollars, un minimum depuis le 25 mai 2010.