La place de la Liberté d'expression, Saïd-Mekbel, était noire de monde, hier en milieu de matinée. Malgré la pluie, ils étaient nombreux à avoir répondu présent à l'appel lancé par les animateurs du Café littéraire de Béjaïa, un collectif culturel indépendant, qui avait tenu à commémorer le 20e anniversaire de l'assassinat de l'ancien billettiste du Matin, Mesmar Djeha. Et en guise de commémoration, les animateurs du Café littéraire ont fait la lecture de quelques billets, assez forts et tellement significatifs, de Saïd Mekbel, assassiné par une horde sauvage le 3 décembre 1994 alors qu'il était en train de déjeuner avec une consœur à quelques mètres seulement du siège du Matin à Hussein Dey. 12h30, l'horaire choisi par les organisateurs pour organiser cette lecture de billets n'est pas fortuit. Saïd Mekbel n'avait pas fini de déjeuner qu'un jeune, bien rasé, est venu vider sur lui son pistolet alors que le journaliste pensait qu'il voulait un autographe. Parmi l'assistance, il y avait Nazim Mekbel, le fils de l'ancien directeur et billettiste du Matin, mais aussi Arezki Tahar, un ami du défunt, ainsi que deux anciens présidents de l'APW de Béjaïa, Hamid Ferhat et Rabah Naceri, un ancien député, Boubekeur Derguini, des élus, des militants politiques, des animateurs culturels, des journalistes bien sûr et des citoyens qui ont tenu, à prendre part, à cette commémoration pour que nul n'oublie le sacrifice des dignes fils de l'Algérie patriote et républicaine. Malgré l'émotion qui l'a littéralement submergé, Nazim Mekbel dira : "Je tiens à remercier, en mon nom et au nom de ma famille, la première équipe de journalistes, qui a porté ce projet de stèle et qui a associé la société civile et les représentants de la population ; je remercie, bien sûr, les élus de l'APW qui ont rendu possible ce projet à travers son financement : 10 millions de dinars, ce n'est tout de même pas rien ; et enfin, ceux qui perpétuent la mémoire, pas seulement de Saïd Mekbel, mais de toutes les victimes du terrorisme. à tout ce monde, je dis merci..." Le dernier à intervenir avant le dépôt de la gerbe de fleurs - la première a été déposée quelques heures auparavant sur la tombe de Saïd Mekbel -, c'est l'ami du défunt, Arezki Tahar, l'ancien directeur du Théâtre régional de Béjaïa. Il dira à l'adresse des journalistes présents de méditer son exemple en matière d'éthique, de déontologie et d'en faire un repère pour ne pas dévier de la ligne. Et à l'assistance, il insistera pour que la mémoire des victimes du terrorisme et de la bêtise humaine soit toujours commémorée. "C'est un devoir citoyen que de perpétuer leur mémoire car leur sacrifice ne doit pas être vain", a-t-il déclaré avec insistance. Et dans un message écrit pour la circonstance, Fodil Mezali, collègue de Saïd Mekbel à Alger Républicain et au Matin de juillet 1989 à décembre 1994, a indiqué que "sa femme et ses enfants venaient, en ce jour de triste mémoire, de perdre un être cher, le collectif du Matin son directeur et aussi un repère, et la profession un billettiste-chroniqueur hors pair. Les démocrates, eux, un compagnon irremplaçable dans le combat pour une Algérie des libertés et du droit à la différence, l'Algérie du savoir scientifique et de l'ouverture sur les langues et le monde". M. O