L'Algérie et la France ont décidé d'ouvrir le débat, en 2015, sur la question de l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français au Sahara algérien. À l'issue de la 2e session du Comité intergouvernemental algéro-français de haut niveau (CIHN), qui s'est tenue le 4 décembre à Paris, les deux parties "ont convenu que le groupe de travail mixte pour échanger sur les conditions de présentation des dossiers d'indemnisation par les victimes algériennes des essais nucléaires français au Sahara ou leur ayant-droits, se réunira avant la fin du premier trimestre 2015", selon un communiqué commun. Excepté ce petit paragraphe, très peu de choses sont dites sur ce sujet. C'est durant la période coloniale que l'armée française avait procédé à des essais nucléaires, aériens ou souterrains, en Algérie. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France a lancé un programme nucléaire, en vue d'obtenir le statut de puissance mondiale. En mai 1945, un Commissariat à l'énergie atomique a été installé, avec pour mission de créer la bombe atomique. Mais, ces essais nucléaires n'ont pas été accompagnés de la protection des populations du Sud et même des soldats français, exposés aux radiations. La France n'a pas en outre procédé à la décontamination des lieux. Une fois l'Indépendance acquise, l'ancien colonisateur a refusé d'ouvrir ledit dossier et de reconnaître sa responsabilité dans cette entreprise ayant affecté au moins 30 000 personnes en Algérie (et quelque 300 en France), désormais victimes de "pathologies radio-induites", donc de maladies provoquées par l'exposition aux radiations. Et ce, malgré les nombreuses interpellations de ministres algériens et des premiers concernés. Pour maquiller ces "crimes" commis pendant l'ère coloniale, la France a néanmoins voté une loi sur l'indemnisation des victimes de ses 210 essais nucléaires, déclarés en Algérie et en Polynésie, dont les termes ont offensé les associations des victimes algériennes, qui ont alors réagi. Selon elles, la question n'est pas seulement une affaire d'indemnisation des victimes irradiées, mais aussi et surtout celle de "la reconnaissance des crimes commis contre des populations innocentes". Depuis 2014, la situation a évolué, après la publication par la presse française d'une partie des archives des essais nucléaires coloniaux français et les révélations sur l'étendue des dangers de la radioactivité, à ce jour. En février dernier, les familles de soldats français victimes se sont organisées pour faire la lumière sur ce "scandale" via la justice. De leur côté, des juristes français ont interpellé le Parlement, en lui demandant de revoir l'ancienne loi sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français en Algérie, pour rendre justice à l'ensemble des victimes. Sans exception. Des juristes algériens ont pris le relais et appelé le Parlement français à revoir cette loi, pour rendre justice à toutes les victimes et prendre en charge le volet "décontamination" de l'environnement. Une requête soutenue par les Ligues algériennes des droits de l'Homme et la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh). L'ouverture, en 2015, du débat sur le dossier des essais nucléaires coloniaux en Algérie est, en soi, une bonne chose. H. A.