Ils font l'objet d'un mandat d'arrêt depuis le 18 octobre dernier. Les quatre représentants de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) également membres de la fédération locale du Front des forces socialistes (FFS) vont se présenter, incessamment, devant le juge d'instruction près la cour de Ghardaïa, apprend-on de source sûre. En délit de fuite depuis le 18 octobre dernier, jour de l'émission d'un mandat d'arrêt contre eux, ils sont accusés de diverses infractions, entre autres, incitation de la population de la ville du M'zab, notamment les commerçants, à l'émeute. L'un d'eux, Kamal Eddine Fekhar, président de la fédération FFS et vice-président de l'antenne de la Laddh, est tombé dans les filets de la police le 31 octobre dernier à Alger, alors qu'il assistait à une conférence historique du chef du parti, Hocine Aït Ahmed. Transféré le lendemain à Ghardaïa, il est incarcéré dans l'attente de sa comparution devant le tribunal. Cinq chefs d'inculpation d'une extrême gravité sont retenus contre lui. Outre l'appel à l'émeute, les instances judiciaires lui reprochent d'avoir eu recours à la violence et fait usage d'arme blanche contre des policiers. En dépit de l'invraisemblance de ces accusations, le juge d'instruction a décidé de le maintenir sous mandat de dépôt. La demande de liberté provisoire introduite par ses avocats reste toujours sans écho. De même, la date de son procès n'est pas encore connue. Selon la défense, le juge serait sur le point de ficeler le dossier de l'instruction. Il reste à savoir si les compagnons de M. Fekhar auront à subir le même sort maintenant qu'ils ont décidé de mettre un terme à leur clandestinité. La sentence relativement clémente prononcée, la semaine dernière, à l'encontre de onze manifestants, arrêtés pour des faits similaires, pousse à quelque espoir. Ils ont écopé de peines avec sursis alors que onze autres, comparus un mois auparavant devant le tribunal correctionnel, avaient fait l'objet de condamnations fermes. La politique d'apaisement, à l'origine de la libération à Djelfa du journaliste et chef du bureau de la Laddh (encore elle) mercredi soir, ouvre la voie à son tour à toutes sortes de spéculations positives. Une issue favorable aura pour mérite d'atténuer les rancunes de la population de la vallée du M'zab. À l'origine du soulèvement, qui a mis aux prises les habitants avec l'administration locale à la veille du ramadhan, une opération de contrôle combinée des services des douanes et du commerce des boutiquiers de la ville de Ghardaïa. Qualifiant cette opération d'injuste au moment où des centaines de trabendistes écument les rues en toute quiétude, les commerçants manifestent leur colère. S'ensuivirent l'intervention des services d'ordre, l'émeute et son lot d'arrestations. S. L.