Les pouvoirs publics et les dirigeants du football national doivent réfléchir de nouveau à une véritable stratégie pour faire face au fléau. Pour mener à bien sa lutte contre la violence dans les stades, la Fédération algérienne de football (FAF) a décidé “d'attaquer” sur deux fronts. Il y a, primo, le volet répressif, qui consiste à pénaliser les fauteurs de troubles à travers des sanctions sévères, à savoir la suspension du stade concerné et l'obligation faite au club incriminé de recevoir à huis clos. Secundo : la Fédération a voulu accompagner cet arsenal répressif par un travail de sensibilisation. C'est là le volet culturel. Des réunions ont été tenues, en effet, avec les représentants des clubs pour trouver les voies et moyens à même de combattre ce fléau. Des promesses ont été faites de part et d'autre. Des associations, à l'image de Ouled el-houma et la radieuse, activent aussi sur le terrain pour semer les germes de la non-violence et du fair-play. C'est dire que ce n'est pas faute d'avoir essayé ! Cependant, la réalité du terrain semble rattraper les dirigeants du football national : le constat est toujours là. Accablant ! Les week-ends du football se suivent et se ressemblent. Dix jours après les graves incidents de Tizi Ouzou qui ont émaillé la rencontre JSK-MCO, le stade Zabana d'Oran a été, jeudi dernier, le théâtre de jets de pierres, d'échauffourées et d'intervention musclée des services d'ordre. Irrités par la défaite de leur équipe, les supporters oranais se sont laissé aller à des actes de vandalisme faisant plusieurs blessés. La bête immonde a de nouveau frappé ! Faut-il donc aujourd'hui parler d'échec de la politique préventive de la FAF et des pouvoirs publics ? S'il est clair que la lutte contre la violence dans les stades nécessite certainement des délais raisonnables — le hooliganisme n'a pas été endigué en un tour de main en Angleterre, par exemple —, il y a lieu de s'interroger sur l'efficacité des sanctions déjà prises. La suspension des stades ne suffit plus, et, franchement, obliger les équipes à évoluer à huis clos est une fuite en avant. Au moment où les décideurs devaient conforter la bataille répressive, en s'attaquant aux véritables causes de la violence, ils ont plutôt préféré annuler le spectacle. Or, tout le monde sait que le football sans public ne rime à rien. Au train où vont les choses, ce sont tous nos stades qui seront obligés d'abriter les matchs à huis clos. Un cas unique dans les annales du football mondial. Du coup, de là à arrêter la pratique du football en Algérie, il n'y a qu'un pas à franchir. Faut-il donc fermer tous les stades ? Les pouvoirs publics et les dirigeants du football national doivent donc réfléchir de nouveau à une véritable stratégie pour faire face à ce fléau. Il n'est plus permis que des énergumènes viennent au stade semer la pagaille et repartir chez eux sans en être inquiétés. Les fauteurs de troubles doivent être sanctionnés de la manière la plus sévère qui soit pour servir d'exemple. Le jour où ces gladiateurs, souvent bien connus des services d'ordre, goûteront à l'amère expérience de la prison, ce jour-là, peut-être, ils réfléchiront à deux fois avant de sévir. Ceci pour le volet répressif. Il reste bien sûr la sensibilisation. Il est entendu que pour espérer avoir des résultats à ce niveau-là, il faut surtout descendre sur le terrain. Mais tant que l'on n'arrive pas à faire comprendre à nos footeux que la défaite fait partie du jeu, la violence sévira encore. Les dirigeants des clubs doivent non seulement le savoir. Il doivent l'accepter. Ils doivent le répercuter au sein de leur galerie par le biais des comités de supporters. Mais là, c'est déjà un autre problème. Alors, que faire ? S. B.