Cette action intervient au lendemain de la publication, sur facebook, d'une lettre virulente d'Abdelfattah Hamadache, imam actif au sein de la mosquée de Belcourt du temps de l'ex-FIS. Une pétition de solidarité à Kamel Daoud, intitulée "Non à l'obscurantisme", vient d'être publiée sur le réseau social facebook, dans trois langues (arabe, français et anglais), pour interpeller la responsabilité des ministres de la Justice et de l'Intérieur. Les signataires condamnent "avec force les appels au meurtre public" d'Abdelfattah Hamadache, autoproclamé chef salafiste, contre le chroniqueur et écrivain. Ils relèvent que cette dérive "n'est pas surprenante" devant "la démission" de l'Etat face aux "aventuriers pseudoreligieux qui distillent la haine". Ils appellent, en outre, les deux ministres à enclencher des "poursuites" contre les promoteurs de ces appels qui rappellent "les pires moments de l'Algérie face au GIA". Cette action intervient au lendemain de la publication, sur facebook, d'une lettre virulente d'Abdelfattah Hamadache, imam actif au sein de la mosquée de Belcourt du temps de l'ex-FIS. Dans son invitation au meurtre, rendue publique le 16 décembre, le fondateur du Front de la sahwa islamique salafiste libre, formation non agréée, vise Kamel Daoud, qu'il qualifie d'"apostat", d'"ennemi de la religion" et de "sionisé". Il appelle le pouvoir à "appliquer la charia" et à "le condamner à mort, en le tuant publiquement pour la guerre qu'il mène contre Dieu et le Prophète". La sortie de Hamadache fait suite à l'émission télévisée "On n'est pas couché" (France 2), transmise le 13 décembre, qui a reçu le journaliste-écrivain algérien pour parler de son livre Meursault, contre-enquête. Réagissant sur le réseau social, Daoud a écrit : "Fetwa pour me tuer émise par le mouvement salafiste algérien. Signée par Abd El-Fettah Hamadache. Voilà où mène le sentiment d'impunité chez ces gens-là." Il a néanmoins fait savoir qu'il craint pour sa vie et qu'il déposera une plainte contre l'auteur de la "fetwa", "parce que c'est un appel au meurtre". Quant à Hamadache, interrogé par TSA, il ne s'est pas rétracté, si ce n'est d'assumer sa "responsabilité" et d'observer qu'il n'a pas dit qu'il allait "le tuer" et qu'il n'a pas appelé "les musulmans à le faire". Seulement, expliquera-t-il, Daoud "est impardonnable en disant : "Je lis leur livre'', en s'excluant, avant de réitérer son appel au pouvoir algérien, afin d'appliquer "al-had" (la condamnation à mort). Abdelfattah Hamadache n'est pas à sa première sortie du genre. Il s'en est déjà pris à des responsables de partis politiques et du mouvement social, avec qui il ne partageait pas les mêmes positions politiques et idéologiques, sans que cela inquiète les pouvoirs publics. C'est le cas, notamment, du porte-parole du MDS, Hamid Ferhi, d'Amara Benyounès, secrétaire général du MPA, et de la porte-parole du mouvement Barakat, Amira Bouraoui. Il a même accusé le "renégat" Ferhat Mehenni d'"impie" et de "traître", et dénoncé, en 2013, les cadenas d'amour accrochés par des couples amoureux sur les grillages du pont de Télemly, à Alger, qualifiant d'acte intolérable et de "sorcellerie". À la veille de la dernière élection présidentielle, cet individu a confié à la chaîne qatarie Al-Jazeera que s'il était élu président en 2014, il instituerait "une police islamique". Faut-il alors dénoncer les déclarations violentes et extrémistes de Hamadache ? Bien entendu ! Au nom du devoir de mémoire, il n'est pas question de cautionner les appels aux meurtres contre des citoyens, encore moins d'être les complices du laxisme ambiant. Même si les opinions de Kamel Daoud dérangent ou ne sont pas toujours partagées. Le salafiste Hamadache doit rendre des comptes ! H. A.