L'écrivain et journaliste chroniqueur du Quotidien d'Oran, Kamel Daoud, est la cible d'une fatwa sur le réseau social facebook rédigée par un certain Abdelfattah Hamadache. Ce sinistre personnage est un des fondateurs d'un parti non agréé, le Front de la Sahwa islamique salafiste libre. Cet ignoble appel au crime vise nommément le chroniqueur Kamel Daoud qu'il qualifie "d'apostat" et de "sionisé". Il justifie son appel au meurtre sous prétexte que Kamel Daoud est un ennemi de l'islam, qui critique "Allah" et le "Coran". Le précédent est grave Extrêmement grave. Cet acte est un défi à l'autorité ou ce qui en reste. Il signe aussi la défiance de ces obscurs boutefeux qui officient dans les mosquées, les écoles, certains médias sans aucune impunité. La corporation journaliste a déjà payé un insupportable tribut pendant la décennie noire. Le souvenir des sicaires des Groupes islamiques armés sont encore vivaces. Plus de 100 journalistes ou salariés de la presse ont payé de leur vie cette liberté de travailler dans le secteur. Une pétition signée par plusieurs personnes en appelle aux "ministres de la Justice et de l'Intérieur à enclencher des poursuites contre ces appels aux meurtres qui nous rappellent les pires moments de l'Algérie face au GIA et nous exprimons notre entière solidarité active avec l'écrivain Kamal Daoud". C'est une première action. Mais il faut plus que jamais se dresser contre cette incitation au meurtre. Se taire aujourd'hui, c'est cautionner cet ignoble appel à tuer un homme pour ses idées et par-là même donner la permission de fermer les portes de la liberté en Algérie. Né en 1970 à Mostaganem (300 km à l'ouest d'Alger), Kamel Daoud a suivi des études de lettres françaises après un bac en mathématiques. Il est journaliste au "Quotidien d'Oran" où il tient depuis douze ans la chronique la plus lue d'Algérie. Il est l'auteur de plusieurs récits dont certains ont été réunis dans le recueil "le Minotaure 504" (Sabine Wespieser éditeur, 2011) - initialement paru à Alger sous le titre "la Préface du nègre" (Barzakh, 2008) et distingué par le Prix Mohammed-Dib du meilleur recueil de nouvelles en 2008. " Meursault, contre-enquête ", publié en Algérie par les Editions Barzakh en 2013 et en France par Actes Sud en 2004, est son premier roman. Récompensé par plusieurs prix, dont celui des Cinq Continents, Il a été finaliste du dernier prix Goncourt.
Grine condamne Pétition, indignation et soutien. Personnalités publiques, partis politiques et citoyens dénoncent unanimement l'appel au meurtre lancé par l'imam salafiste. Des partis politiques et des organisations de défense des droits de l'homme ont apporté leur soutien à l'écrivain. C'est le cas du ministre de la Communication, Hamid Grine, qui a condamné l'appel à la condamnation à mort lancé par l'imam salafiste Abdelfatah Hamadache contre l'écrivain et chroniqueur Kamel Daoud. " Je condamne toute menace contre tout citoyen et évidemment contre Kamel Daoud. Je condamne toute forme de violence écrite ou verbale ", a déclaré M. Grine jeudi en marge de l'inauguration du Musée de la Radio. " Je suis pour la culture de la tolérance, du dialogue et de l'échange ", a-t-il ajouté. " La justice algérienne est souveraine et laissons là faire son travail en toute indépendance ", a-t-il dit en réaction à la plainte déposée par l'écrivain contre son pourfendeur.
Le MPA dénonce Le Mouvement populaire algérien (MPA) d'Amara Benyounès a condamné, ce jeudi 18 décembre, la fatwa dont fait l'objet l'écrivain et journaliste Kamel Daoud. " C'est avec une très grande consternation, mais aussi avec une immense révolte et beaucoup d'inquiétude, que nous avons pris connaissance des déclarations criminelles d'un imam politique ", indique le parti de Amara Benyounès. " Qui s'en prend violemment au journaliste et écrivain, Kamel Daoud, dont il ne réclame rien moins que la mort. Cet appel au meurtre est intolérable et appelle une réaction immédiate et énergique ", ajoute-t-il dans son communiqué. Le parti condamne ainsi " avec la plus grande vigueur ces propos criminels et leur auteur, sans doute nostalgique de la décennie noire où de tels discours ont produit la tragédie nationale ". Il " exprime sa sympathie au journaliste et écrivain, Kamel Daoud, lui fait part de sa solidarité pleine et entière et le conforte dans sa décision de saisir la justice ".
Dépôt de plainte La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) exprime "ses préoccupations face à la montée de l'intolérance. Elle se solidarise avec Kamel Daoud et condamne toute violence sous quelle que forme qu'elle soit" et "réaffirme le droit à l'expression pour tout citoyen et rappelle l'obligation de l'Etat à assurer la sécurité et la protection des citoyens et leurs biens". Sur facebook, des journalistes et militants des droits de l'homme ont lancé une pétition appelant les autorités à traduire devant la justice l'auteur de la fatwa. La pétition, signée par des milliers de personnes, appelle les ministres de la Justice et de l'Intérieur à "enclencher des poursuites contre ces appels au meurtre qui nous rappellent les pires moments de l'Algérie face au GIA". "Nous condamnons avec force les appels au meurtre public de Abdelfettah Hamadache, autoproclamé chef salafiste algérien", souligne le texte.