Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, poursuit, au gré de son agenda, ses rencontres avec les membres du gouvernement Ouyahia. À vrai dire, il semblerait que le chef de l'Etat s'intéresse singulièrement aux départements ministériels concernés par l'application des réformes économiques. Selon le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, rencontré au Palais des nations en marge des travaux de la 27e conférence de l'Union des parlements africains, le président Bouteflika consacre une journée entière à s'entretenir avec le principal responsable d'un département ministériel, accompagné de ses cadres. “Les discussions portent sur la présentation du secteur, son bilan et surtout ses perspectives à horizon 2009”, a expliqué notre interlocuteur, qui a été auditionné la semaine dernière. Son collègue de l'Industrie et du parti également, Hachemi Djaâboub, a ajouté que le premier magistrat du pays s'enquit, auprès des ministres, des obstacles qu'ils rencontrent dans la réalisation du programme préalablement tracé. La priorité de ce membre du gouvernement réside dans la privatisation de 1 200 entreprises publiques. “Pour le moment, aucun obstacle objectif n'entrave notre mission”. Il a reconnu, néanmoins, que les repreneurs potentiels des structures économiques, mises en vente, ne se bousculent pas au portillon de son ministère, sans préciser, pour autant, les causes de ce manque d'engouement. Amar Tou, ministre des postes et des Télécommunications n'a pas souhaité parler de sa rencontre avec le président de la République. Il a consenti, à peine, à donner les objectifs à atteindre d'ici l'an 2010, à savoir une télédensité (usage du téléphone portable ou fixe par personne) d'au moins 80% ; une connectivité de 25 à 40% à internet dont 10% en Adsl et une utilisation d'un ordinateur personnel de 15 à 20%. Amar Tou a affirmé que les postes et télécommunications sont considérées comme le second secteur générateur de ressources financières, après celui de l'Energie. “À partir de 2005, Algérie Telecom et Algérie Poste ne compteront plus sur le budget de l'Etat. Ils s'autofinanceront”. Selon des informations recoupées, distillées par des ministres mais aussi des parlementaires, le chef de l'Etat cherche à connaître les besoins financiers de chaque secteur. Il veut aussi savoir dans quelle mesure chaque ministère peut bénéficier d'une quote-part sur l'enveloppe de 50 milliards de dollars, allouée au Plan de soutien à la croissance économique. Il s'agit, en outre, de déterminer la capacité de chaque ministre à mener à bien les réformes engagées dans différents domaines, avec une attention spéciale au programme économique. C'est à la lumière des appréciations qu'il se fait à l'issue de ses audiences avec les membres du gouvernement, qu'il décidera de la forme à donner au remaniement ministériel, attendu pour les semaines à venir. “ça sera un changement radical. On se dirige vers un gouvernement avec des méga-ministères”, nous dit-on. La commission de réforme de l'Etat, présidée par Missoum Sbih, recommande, effectivement dans un rapport remis au président de la République, un gouvernement avec uniquement une vingtaine de portefeuilles. Des ministres ont tenu, par ailleurs, à préciser que l'initiative du président Bouteflika n'est pas inédite. Cette tradition a été instaurée, en 2002, du temps où Ali Benflis était à la tête du gouvernement. S. H.