«J'insiste auprès du gouvernement pour la rationalisation de la dépense publique et la lutte contre le gaspillage des deniers de l'Etat», a déclaré le chef de l'Etat. Mafia-corruption. C'est le duo d'enfer qui a été pointé du doigt et vigoureusement dénoncé par le président de la République lors du Conseil des ministres qui s'est tenu dimanche. «Nous devons enfin renforcer la lutte contre les différentes formes de fraudes fiscales, douanières et autres, qui font perdre à l'Etat d'importantes recettes au bénéfice des milieux parasitaires pour ne pas dire mafieux.» Plan anti-corruption, plan anti- spéculation...rien n'y fait. Cela empire même. On ne parle que de milliers de milliards de dinars partis en fumée. Scandales financiers, détournements de l'argent public, pots-de-vin...Mafiosi et spéculateurs ne reculent devant rien. L'argent n'a jamais autant coulé à flots. Combien ont rapporté les nombreux projets attribués de gré à gré? Combien ont-ils coûté en pots-de-vin? De l'argent sorti du circuit économique officiel. Blanchi, recyclé avec la complicité de fonctionnaires véreux. Il y a à peine quarante-huit heures notre confrère, El-Khabar rapportait dans une de ses manchettes que ces pratiques provoquaient une perte sèche au Trésor public algérien, estimée à 32 milliards de dollars! Une saignée! Abdelaziz Bouteflika ne compte pas y assister en spectateur. Sa déclaration s'apparente à une mise en garde à prendre très au sérieux. «C'est pourquoi, l'ensemble des services de contrôle doivent se mobiliser davantage pour mener une lutte sans merci contre ces trafics et fraudes. Chaque autorité concernée par cette mission devra rendre des comptes», a insisté le chef de l'Etat. La récréation est finie, semble vouloir dire le président de la République aux ministres. Il ne s'agit plus uniquement de se retrousser les manches. Certains membres du gouvernement font partie de l'Exécutif depuis deux quinquennats et plus. Il leur faut donc bien négocier ce dernier tournant et entamer dans les meilleures conditions possibles la dernière ligne droite. Pour cela, Abdelaziz Bouteflika peut compter sur son nouveau chef du gouvernement. Les deux hommes sont sur la même longueur d'onde sur ce point si particulier (la dilapidation des deniers publics) qui gangrène l'économie nationale. Ahmed Ouyahia n'avait-il pas déclaré, au lendemain de sa nomination à la tête de l'Exécutif, que la loi devait être rigoureusement appliquée dans le cadre de la lutte contre la corruption. «C'est une lutte sans pitié qui va être dure à gagner», a-t-il fait remarquer. La corruption a la peau dure en Algérie. Bouteflika insiste pour que ses ministres soient aussi de la partie et lance un appel aux classes laborieuses pour qu'elles contribuent davantage à l'essor de l'économie nationale. Abdelaziz Bouteflika s'est montré très soucieux de la dégradation du pouvoir d'achat des travailleurs. «Autant j'insiste auprès du gouvernement pour la rationalisation de la dépense publique et la lutte contre le gaspillage des deniers de l'Etat sous toutes les formes, autant j'insiste également pour que notre population, qui doit certes se mobiliser et se mettre davantage au travail, ne voit pas sa condition sociale se dégrader réellement, et pour que notre politique de solidarité soit toujours active, juste et efficace», a poursuivi le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour la énième fois. A quelques encablures d'une échéance électorale de taille, la présidentielle 2009, 1 million de logements doit voir le jour. Autoroute Est-Ouest, investissements, privatisations, réforme bancaire, de la santé, de l'éducation...sont autant de chantiers à évaluer. Trop d'argent a été engagé dans des projets faramineux. «Je tiens à relever que les retards dans la réalisation des programmes d'investissements publics ont déjà coûté au Trésor public d'importantes réévaluations...», a fait remarquer le chef de l'Etat. Et la sentence est tombée comme un couperet. «Les ministres doivent donc assumer leurs responsabilités dans l'exécution correcte de leurs programmes sectoriels, y compris en ce qui concerne les délais», a ajouté Abdelaziz Bouteflika. Une mise en garde en guise d'avertissement que certains ministres concernés ne prendront pas à la légère.