Des considérations politiques pourraient être à l'origine du départ de certains ministres, lors du remaniement du gouvernement qui semble se préciser. Le Président, qui devrait définir aujourd'hui lors d'un important discours à la nation les contours de la nouvelle Constitution ainsi que les objectifs du référendum constitutionnel, a-t-il déjà ficelé la liste du nouveau gouvernement ? S'il semble qu' un grand changement du gouvernement est exclu dans les circonstances actuelles en raison, bien entendu, des échéances électorales qui attendent l'Algérie courant 2007, il n'en reste pas moins que le chef de l'Etat aurait déjà opté pour un léger lifting de l'Exécutif sans toucher aux ministères de souveraineté. Ainsi, et selon des indiscrétions du sérail, quelque 12 ministres seraient concernés par des départs ou des permutations. Les mêmes sources, qui soulignent que ce remaniement s'inscrit dans la logique des changements que voulait apporter le président Bouteflika au gouvernement depuis le remplacement d'Ahmed Ouyahia par Abdelaziz Belkhadem en mai dernier, évoquent, en premier lieu, le départ d'Abou Djerra Soltani, ministre d'Etat sans portefeuille et président du MSP, parti membre de l'alliance présidentielle. Si le cas n'est pas définitivement tranché en raison, précisent d'autres sources, des interventions que le chef du MSP aurait sollicitées dans l'entourage de Bouteflika pour le garder dans l'Exécutif, Soltani voudrait éviter que ses déclarations sur des affaires de corruption, ainsi que la prétendue implication de hauts responsables de l'Etat ne pénalisent son parti dans la prochaine reconfiguration du gouvernement. Le risque de voir le MSP perdre des portefeuilles ministériels pourrait avoir des conséquences politiques importantes dans la conduite de sa campagne pour les législatives de mai 2007. Un cas de figure qui ne serait pas à écarter. Face à cette situation où le parti risque de laisser des plumes, Soltani a multiplié, ces derniers jours, les déclarations d'apaisement allant jusqu'à “conseiller” le représentant du Hamas palestinien, en visite récemment en Algérie, d'éviter d'évoquer les dossiers de corruption dans lesquels sont impliquées des autorités palestiniennes, juste pour signifier, à qui voulait bien l'entendre, que le moment est mal venu d'aborder ce dossier chaud de l'actualité politique. Mais, les considérations politiques, qui motiveraient certains départs, pourraient également toucher Mohamed Maghlaoui, ministre des Transports. Ainsi, au-delà de sa gestion de la construction de la nouvelle aérogare d'Alger qualifiée de défaillante par le chef de l'Etat qui n'avait pas hésité, lors de l'inauguration de l'infrastructure aéroportuaire, le 4 juillet dernier, à accuser le ministre des Transports de menteur, il n'en reste pas moins que Mohamed Maghlaoui pourrait payer pour appartenance au RND d'Ahmed Ouyahia. Des indiscrétions n'écartent pas aussi le souci du président de la République de débarrasser le gouvernement des représentants de partis politiques en procédant à leur remplacement par des technocrates en vue de booster le plan de relance économique. Autre nom avancé sur la liste des départs : Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale, présent dans les gouvernements successifs depuis 1994. Le ministre RND risque de partir pour plusieurs raisons, affirment des sources. D'abord, pour son record de longévité au sein de l'Exécutif et surtout sa gestion de la réforme de l'école et les multiples tensions qu'a connues le secteur éducatif depuis 2002. La grève des enseignants, la contestation du Cnapest et du CLA qui, au-delà des revendications légitimes du corps de l'éducation nationale, a pris en otages des milliers d'élèves et de lycéens, les risques successifs d'années blanches, ainsi que l'absence de dialogue avec les enseignants pousseraient le président de la République à se séparer de Benbouzid et nommer très probablement un ancien du secteur, afin d'accélérer la réforme. Le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Amar Tou, serait pressenti à revenir au département de l'Enseignement supérieur qu'il avait déjà occupé en 1999 dans le gouvernement d'Ahmed Ouyahia. Considéré comme très influent au FLN et proche de Belkhadem, Amar Tou connaît bien le secteur pour l'avoir géré en pleine contestation des professeurs du Cnes. Cependant, il prendrait aujourd'hui les rênes d'un département plus ou moins assaini dès lors que d'importantes mesures d'ordres socioéconomiques ont été mises en œuvre en faveur des enseignants universitaires, en l'occurrence des augmentations substantielles de salaires et la possibilité d'accès aux logements. Rachid Harraoubia, qui a été à l'origine de l'apaisement dans un secteur névralgique qui a été le théâtre de protestations depuis les années 1990, serait probablement nommé ministre de la Recherche scientifique, un département qui était jusque-là rattaché à l'enseignement supérieur. Du coup, la recherche scientifique obtiendrait le statut de ministère à part entière. Harraoubia aura certainement du pain sur la planche dans un secteur complètement délaissé depuis l'Indépendance du pays. Yahia Guidoum serait également sur la sellette. Sa gestion du dossier FAF au sujet de l'application du décret 05-405 concernant la mise en conformité des statuts des fédérations sportives aux nouvelles lois qui consacrent le retour au dirigisme, chose qui a suscité l'intervention rapide de la Fifa, ainsi que la polémique entre la Fédération internationale d'athlétisme et le MJS. El-Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, devrait rester en poste, selon les mêmes sources, qui arguent le fait de la poursuite des négociations avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le processus d'adhésion de l'Algérie à l'OMC est suivi de près par la présidence de la République qui exclurait ainsi, pour le moment, un quelconque changement à la tête du ministère du Commerce. Salim Tamani