La communauté scientifique se mobilise pour Meriem Bouzid-Sababou, chercheuse au Centre national de recherches préhistoires, anthropologies et histoires (CNRPAH), suite à la décision de retrait de son livre Ce que les gens de Sebeiba disent. Sens du rituel de l'Achoura dans l'oasis de Djanet. Dans une pétition signée par plus de 70 chercheurs et scientifiques algériens, ils dénoncent : "L'intrusion, par définition intolérable, des autorités politiques et administratives qui s'arrogent le droit de la censure et de la sanction de travaux de recherche." Dans un communiqué rendu public, les signataires s'indignent du traitement et des menaces que subit la chercheuse depuis la parution de son opus. "Cette campagne d'intimidation et de censure a procédé en deux temps", souligne le communiqué. Dans le document, les enseignants expliquent que "des personnes, agissant sous le couvert de l'anonymat, menacent, d'abord, via les réseaux sociaux, de s'en prendre à l'intégrité physique et morale de la chercheuse, ainsi qu'à celle de sa famille. Ensuite, les services du ministère de la Culture ont fait parvenir à la direction du CNRPAH une note verbale exigeant le retrait du livre des circuits de diffusion. Le directeur du centre a été jusqu'à exiger la suppression des passages incriminés et la présentation d'excuses aux personnes se disant les notables de Djanet El-Mihan". Parmi les signataires, on retrouve Madjid Benchikh, professeur de l'université de Cergy-Pontoise, Abdelhamid Bourayou, professeur à l'Institut de la langue arabe, Nacer Djabi, sociologue, Malika El-Korso, professeur d'histoire à l'université d'Alger, Mohammed Harbi, historien, Fatma Oussedik, sociologue, Khaoula Taleb-Ibrahimi, professeur de linguistique à l'université d'Alger 2, Rachid Zouaïmia, professeur à la faculté de droit et des sciences politiques, et Daho Djerbal, historien. Suite à cette vague de solidarité, le ministère de la Culture est sorti de sa réserve et a tenu à s'expliquer. Dans une déclaration faite, jeudi à l'APS, le ministère a estimé que "seul" le conseil scientifique du centre de recherche qui a publié le livre était en mesure "d'évaluer les passages à l'origine de la protestation" des associations et des notables de Djanet (Illizi) qui avaient appelé, fin novembre, les autorités publiques à retirer le livre du marché. Dans ce livre, publié en 2013 par le Centre de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah, dépendant du ministère de la Culture), l'universitaire évoque la probable apparition à Djanet sous la colonisation française de fléaux sociaux, notamment la prostitution, du fait de la misère chez les autochtones. D. S.