La police de la pensée sévit. La censure du livre de Meriem Bouzid-Sebabou, chercheuse au CNRPAH Ennen kel Sebeiba fi ma'na ‘Achoura bi ouhat Djanet (Ce que les gens de Sebeiba disent. Sens du rituel de l'Achoura dans l'oasis de Djanet) a suscité l'indignation de la communauté universitaire. D'éminents professeurs dénoncent une atteinte «flagrante aux libertés fondamentales». Mohamed Harbi, Khaola Taleb Ibrahimi, Nacer Djabi, Fatma Oussedik, Ali Bensaad, Abdelkader Lakjaa, Farid Cherbal, Daho Djerbal, Cherifa Chebbah-Bakhouche, Abderrahmane Moussaoui, Zouaïmia Rachid, Afaf Zekkour, Louisa Aït Hamou, Ahmed Rouadjia et Tlemçani Rachid apportent leur soutien à la chercheure qui, après une enquête de terrain de longue haleine, au cours de laquelle elle a «collecté des documents écrits et oraux ainsi que des représentations iconographiques traitant d'un rituel ancestral faisant partie du patrimoine immatériel du plateau du Tassili», voit son travail de recherche subir d'infamantes attaques menées par une police de pensée qui sévit dans un milieu où seule la pensée libre et scientifique devrait prédominer. Dans leur déclaration, les enseignants chercheurs des sciences sociales exerçant dans plusieurs universités algériennes et étrangères dénoncent une «intrusion intolérable des autorités politiques et administratives qui s'arrogent le droit de la censure et de la sanction de travaux de recherche» et des «intimidation» dont est victime l'auteure du livre. «Cette campagne d'intimidation et de censure a procédé en deux temps : des personnes, agissant sous le couvert de l'anonymat, menacent d'abord, via les réseaux sociaux, de s'en prendre à l'intégrité physique et morale de la chercheuse Meriem Bouzid-Sebabou ainsi qu'à celle de sa famille ; les services du ministère de la Culture ont, ensuite, fait parvenir à la direction du CNRPAH une note verbale exigeant le retrait du livre des circuits de diffusion. Le directeur du Centre a été jusqu'à exiger la suppression des passages incriminés et la présentation d'une lettre d'excuses aux personnes se disant notables de Djanet El Mihan», réprouvent les universitaires.Ils s'interrogent également comment «sur le simple avis critique contenu dans un document se voulant être Le manifeste des notables de Djanet daté du 20 novembre 2014 suivi d'une pétition datée 26 novembre 2014, les autorités ministérielles décident sans l'avis du conseil scientifique du Centre du retrait du livre des circuits de diffusion publique, y compris de la bibliothèque du Centre» ?