Des élections législatives anticipées paraissent inévitables aux yeux des observateurs de la scène politique israélienne. La présentation du budget 2005 devant la Knesset, aujourd'hui en première lecture, pourrait constituer le début de la fin pour le gouvernement Sharon. L'un de ses principaux soutiens au sein de la coalition gouvernementale, le parti Shinoui, a décidé de se désolidariser, à la suite de l'accord signé par Ariel Sharon avec les deux partis religieux, le Judaïsme unifié et le parti national religieux, qui leur attribue une subvention de 100 millions de dollars, pour leurs écoles. Ce geste a précipité la décision du parti Shinoui de voter contre la loi de finances que présentera prochainement le Premier ministre. Les 15 voix de ce parti, considéré comme le principal pilier de la coalition, risquent de peser lourd dans la balance lors du vote. Ne disposant plus que de 50 à 55 voix au grand maximum sur les 120 de la Knesset, Sharon cherche à manœuvrer de façon à tirer profit de la division régnant actuellement au parlement entre les formations politiques y siégeant. Lundi déjà, le Premier ministre israélien a échappé de justesse aux motions de censure présentées par les travaillistes, Un seul peuple et le Shass. Ces derniers n'ont pas réussi à réunir les 61 voix nécessaires pour renverser le cabinet Sharon. Ce n'est que partie remise, estiment les observateurs, car le patron du Likoud s'est empêtré dans une crise inextricable à la suite des alliances conclues pour faire promouvoir et passer son plan de désengagement unilatéral de la bande de Gaza. Comme à son habitude, le chef du gouvernement israélien tente de s'assurer par la menace les voix de ses ministres. Il n'a pas manqué de réaffirmer lundi, en réaction à la décision du parti Shinoui de voter contre la loi de finances, qu'il exclurait de son cabinet tout membre qui se prononcera contre son projet. Dans ce cadre, il veut retarder au maximum l'opération de vote de la loi de finances, quitte à aller au-delà du 31 décembre prochain, pour bénéficier du délai de grâce de trois mois que lui accorde la loi. Passé le 31 mars 2005, des élections législatives anticipées seront organisées si jamais la loi de finances n'est pas adoptée. Le Premier ministre israélien a gagné jusqu'à maintenant un mois, en différant à aujourd'hui la présentation du projet de loi de finances, initialement prévue pour le début du mois de novembre. Reste à savoir si les manœuvres d'Ariel Sharon suffiront à diviser davantage l'opposition. Il se déclare prêt à conclure de nouvelles alliances, visant à modifier la coalition gouvernementale, dans l'espoir de conserver une majorité à la Knesset, qui lui permettrait d'aller jusqu'au bout de son entreprise qui consiste en la mise en œuvre du plan de séparation de la bande de Gaza. La séance des parlementaires d'aujourd'hui donnera une idée plus précise sur ce qui attend Sharon, d'ici le vote de la loi de finances israélienne. Cela étant, il s'est déclaré hier prêt pour des élections anticipées et à aller jusqu'au bout de son bras de fer avec le parti Shinoui. K. A.