Le Parlement israélien votera demain le projet que présentera le patron du Likoud pour évacuation de la bande de Gaza et de vingt et une colonies, dont dépend son avenir politique immédiat. En butte à un sérieux problème de majorité à la Knesset, Ariel Sharon passera demain un grand test à travers le vote de son plan de séparation. Ce projet est rejeté par les colons et l'extrême droite, dont une partie du Likoud, le propre parti du Chef du gouvernement. Le plan d'évacuation de la bande de Gaza et des 8 000 colons qui vivent dans la région par étapes d'ici septembre 2005 divise Israël. Le Premier ministre israélien livrera une bataille politique dont l'issue déterminera son avenir à la tête du gouvernement. C'est du parti travailliste, traditionnel rival du Likoud, que dépend en grande partie la réussite de Sharon à faire passer ce plan de retrait unilatéral. Aux dernières nouvelles, les deux parties ont trouvé un arrangement qui se concrétisera par une entrée de la formation politique de Shimon Pérès au cabinet gouvernemental. Si de ce côté Sharon n'a pas beaucoup de souci à se faire, il n'est cependant pas assuré d'obtenir la majorité requise pour l'adoption de son projet, car les 19 voix travaillistes pourraient s'avérer insuffisantes. Théoriquement, il devrait rassembler 66 voix en sa faveur sur les 120 que compte la Knesset, mais comme l'opposition à ce plan de retrait rencontre une vive opposition à l'intérieur même du Likoud, les observateurs n'excluent pas un renversement de situation qui lui sera fatal. Les colons qui refusent énergiquement de se soumettre au contenu de ce projet et surtout à ses mesures d'accompagnement, qui prévoient des peines de prison allant de trois à cinq années de prison à l'encontre de quiconque en gênerait l'application, ne restent pas les bras croisés. En effet, ils tentent par tous les moyens de convaincre les députés de voter contre ce plan de séparation. Si Sharon échoue dans son entreprise, il devra organiser des élections législatives anticipées. En attendant, le Chef du gouvernement israélien bénéficie cependant d'un soutien non négligeable sur le plan international de la part des Etats-Unis et de l'Union européenne. Cette dernière s'apprête, selon le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, à mettre en œuvre un véritable “plan d'accompagnement” de ce retrait israélien de la bande de Gaza. “Il y aura une dimension euro-arabe parce que dans ce plan d'accompagnement pour réussir le retrait de Gaza il y a, par exemple, la question majeure de la sécurité”, a affirmé le chef de la diplomatie française. Il est même question de garanties européennes pour la réussite de ce projet, d'après les déclarations de Nabil Chaath, le ministre palestinien des Affaires étrangères. Toujours est-il que le plan de séparation est tributaire de l'issue de la bataille qu'abritera à partir d'aujourd'hui la Knesset, et dont le point d'orgue sera le vote sur son adoption. L'indemnisation des colons de Gaza approuvée Le cabinet israélien a approuvé hier un projet de loi d'indemnisation des colons appelés à être évacués en vertu du plan de séparation d'avec les Palestiniens, a indiqué la radio publique israélienne. Le cabinet a adopté ce texte par 13 voix contre 6, a précisé la radio. Auparavant, le Premier ministre israélien Ariel Sharon avait indiqué à ses ministres que “ce projet de loi facilitera autant que possible les choses aux habitants (les colons, Nndlr) qui seront évacués (...) La semaine prochaine, il sera soumis en première lecture à l'approbation de la Knesset”. K. A.