La réunion extraordinaire de l'Assemblée populaire de la wilaya (APW) de Béjaïa, à laquelle avait appelé le wali, Hamou Ahmed Touhami, pour adoption du budget primitif (BP) de l'exercice prochain, a finalement tourné, hier, à une véritable foire d'empoigne. En effet, les travaux de cette session convoquée en urgence après le report des deux précédentes, faute de quorum, n'ont pu avoir lieu, hier encore. Les deux parties antagonistes, à savoir le groupe d'élus FFS et ses détracteurs, composés des élus RCD, FLN, RND et deux autres du Forum socialiste pour la liberté et la démocratie, un mouvement politique créé par des dissidents du FFS et dirigé par le député de Béjaïa, Khaled Tazaghart, se sont livrés à un bras de fer sur fond d'invectives, d'injures et autres écarts de langage à la limite de l'indécence. "C'est vraiment honteux pour ces, soi-disant, représentants de la population qui offrent un spectacle désolant", se désole un maire présent dans la salle des congrès de la wilaya, avant de paraphraser le défunt militant de la cause amazighe, feu Bessaoud Mohand-Arab, en disant : "Heureux les martyrs qui n'ont rien vu !". Un déluge de palabres, un vacarme indicible, des querelles et des empoignades d'une rare violence qui dureront jusqu'au début de l'après-midi, voilà les "débats" auxquels se sont donnés les membres de l'APW sous les regards médusés du wali, des chefs de daïra, des directeurs de l'exécutif et d'autres observateurs présents dans la salle. Alors que les élus du FFS se vantent d'avoir une majorité estimée à 22 élus sur les 43 que compte l'assemblée, les membres de l'alliance RCD-FLN-RND-FSLD rejettent les trois procurations établies par des élus absents dont le P/APW, Mohamed Bettache. Ce dernier a, pour rappel, convoqué une session extraordinaire de l'assemblée pour le dimanche 4 janvier 2015 prochain. Il faut dire que la crise aiguë qui secoue, ces dernières semaines, l'APW de Béjaïa tient principalement son origine de la décision prise par la nouvelle majorité de procéder au remaniement au niveau de l'exécutif et de certaines présidences de commissions permanentes de l'assemblée. Un remaniement opéré en présence d'un huissier de justice, mais qui n'a pas été du goût du P/APW et de son parti, le FFS. Dans sa récente déclaration remise à la presse, M. Bettache a tenu à dénoncer la démarche effectuée par la nouvelle alliance, arguant que le recours à un huissier de justice pour opérer un tel réaménagement, est une procédure non conforme aux textes régissant le fonctionnement de l'APW. Interrogé hier sur les raisons l'ayant poussé à convoquer cette session extraordinaire, le wali de Béjaïa expliquera que le recours exceptionnel à ce genre d'assemblée est motivé par le seul souci de faire adopter le budget primitif qui devait être présenté et finalisé avant le 31 octobre passé. Le chef de l'exécutif, qui déplore l'incapacité de la présidente de la commission des finances à l'APW de réunir ses membres afin de finaliser le BP dans les délais impartis, s'est vu contraint de recourir à l'application de l'article 168 du code de wilaya qui stipule que "lorsque le projet de budget n'est pas votépour cause de dysfonctionnement au sein de l'Assemblée populaire de wilaya, le wali la convoque exceptionnellement en session extraordinaire pour l'adopter (...)". À noter qu'au moment où nous mettons sous presse, nous avons appris auprès de l'élu FLN, Saâdi Djerroud, et non moins mouhafedh de la nouvelle circonscription d'Akbou, que la coalition dont il fait partie a dû faire appel, hier après-midi, au tribunal administratif de Béjaïa pour suspendre officiellement les travaux de cette session extraordinaire qui a failli dégénérer en affrontements. La nouvelle majorité constituée autour des élus FLN, RCD, RND et FSLD, accuse leurs camarades du FFS d'avoir violé les textes réglementaires, précise M. Djerroud. "Le tribunal administratif devra statuer aujourd'hui, lundi, en référé, dans cette affaire", nous fait savoir notre interlocuteur. K. O.