Dès le 22 décembre, les postes-frontières terrestres de l'est du pays étaient déjà assiégés par les Algériens en partance pour la Tunisie. Selon les services des douanes, rien que pour cette journée, plus de 7 000 passagers ont été recensés à travers les trois postes situés dans la wilaya de Souk-Ahras. Les chiffres seraient de la même ampleur du côté de ceux d'Oum Tboul dans la wilaya d'El-Tarf et de Bouchebka dans la wilaya de Tébessa. Le nombre des passages augmente au fur et à mesure que la date du 31 décembre approche, pour dépasser le seuil des 10 000 passages par jour dans les dernières 48 heures. Tout cela serait normal dans une période de grands départs en vacances si les chiffres recensés dans le sens inverse, soit des Algériens rentrant au pays, étaient aussi importants durant cette même période. Pour certains jours, la différence est minime entre le nombre des entrants et des sortants. Si parmi ces entrants en Algérie, à travers ces mêmes frontières, figurent des Algériens vivant à l'étranger de retour au pays, via la Tunisie, pour passer les vacances d'hiver, l'essentiel du flux est constitué de nos concitoyens qui traversent la frontière juste pour justifier l'utilisation de l'allocation touristique annuelle. Ces derniers voyagent en famille ou en groupes d'amis et font l'aller-retour, des deux côtés des frontières, le même jour sinon en l'espace de 24 heures, pas plus. En Algérie, depuis des décennies, des Algériens, par milliers, recourent au droit à l'allocation touristique annuelle, qui reste dérisoire, pour se faire un peu d'argent. La somme en euros, qui équivaut à 15 000 DA algériens récupérés auprès des banques commerciales, est échangée sur le marché parallèle de la devise contre un gain allant de 5 à 6 points pour chaque 10 euros, ce qui fait une somme appréciable pour une famille composée de 5 adultes. Les partants pour la Tunisie liés dans le cadre de ce petit business, près de 40 000 sont attendus cette année, sont considérés, aussi bien par la partie algérienne que tunisienne, comme des touristes alors que, selon les normes universellement admises, ils ne sont que des excursionnistes. Comme les statistiques ne sont pas neutres, il en découle une interprétation erronée et, des fois, tendancieuse des chiffres avancés. M. K.