C'est pratiquement le grand rush des touristes algériens ces derniers jours sur les frontières de l'Est du pays. De Souk Ahras à Tébessa et à El Tarf vers la Tunisie et à un degré moindre de Zerzaltine à Edjelè via Aïn Amenas ou Djanet, la capitale du Tassili à destination de la Libye, les postes frontaliers sont tés sollicités par les touristes algériens. Selon des sources proches de la police des frontières terrestres orientales, leur nombre a dépassé le 1,5 million durant les 2 mois de juin et juillet. Les postes de Oum Tboul et El Ayoun dans la wilaya de El Tarf ont été particulièrement actifs. Le bon état des routes qui y mènent à partir de Annaba et de El Kala ou par le village algérien Roum El Souk niché au pied de Hammam Bourguiba en territoire tunisien, encourage les automobilistes à les emprunter pour se rendre en Tunisie. La féerie des lieux qu'offre à ses visiteurs la région d'El Tarf avec ses plages au sable d'or, son parc national, ses 2 lacs Tonga et Oubera, ses sites archéologiques est aussitôt rompue en arrivant aux postes frontaliers de Oum Tboul et El Ayoun. En procession, plusieurs dizaines de véhicules s'y garent quotidiennement. Leurs passagers, généralement 4 personnes d'une même famille attendent stoïquement sous un soleil de plomb des heures pour les formalités douanières et de police. La formule «au suivant» est inexistante. Elle est remplacée par le passe-droit payant et la «maârifa». Quelle que soit la position sociale ou professionnelle de l'individu, il passe à la caisse du «bakhchich» sans lequelle on n'a pas droit au chapitre. Les transporteurs particuliers au prix de 1 200 DA/place jusqu'à Tunis, la capitale ou une quelconque ville tunisienne sur le même trajet, connaissent bien le système. Passeports et dinars ou euros bien empaquetés et remis au vu et su de tout le monde, sont un sésame qui leur ouvre toutes les portes. Alors que d'autres s'impatientent à respecter une chaîne illusoire, ces transporteurs n'ont que quelques minutes à passer avant de prendre la route pour le trajet de l'autre côté. Apparemment bien connus des douaniers et des policiers, ils ne mettent pas plus de 5 minutes d'attente avant de repartir. Ce qui n'est pas le cas des citoyens lambda contraints de se faire une raison. «Tout le monde est complice dans cette situation que nous méritons amplement. Les plus hauts responsables en sont informés et ne font rien pour y remédier. A ce niveau, la corruption s'est généralisée. Celui qui ne paie pas, prendra son mal en patience des heures avant de quitter cet enfer qu'est le poste frontalier de El Hdada», dira un de ses voyageurs partant pour un séjour touristique en Tunisie. «C'est pratiquement le même système que les policiers tunisiens appliquent pour laisser passer rapidement ceux qui casquent» a affirmé un autre de retour de Sousse où il a passé ses vacances en famille. Le nombre d'Algériens qui privilégient la Tunisie via les frontières terrestres pour leurs vacances est de plus en plus important. Notre source affirme que le record des entrées et des sorties a été battu durant les deux seuls mois de juin et de juillet comparativement à la période estivale des précédentes années. L'absence de moyens de transport en commun (train/autocars) entre les deux pays, a accentué la pression sur les postes frontaliers terrestres. Malgré le renforcement de leurs effectifs, les préposés au contrôle des documents de voyage n'arrivent pas à juguler le flux des passagers vers ou de retour de Tunisie. Que ce soit au niveau des postes des wilayas d'El-Tarf et Souk Ahras ou ceux de Bouchebka à Tébessa, les conditions d'accueil sont exécrables. Rien n'a été fait pour humaniser un tant soit peu ces lieux par où transitent quotidiennement des milliers de voyageurs. «En ma présence, 2 couples de touristes anglais qui étaient intéressés par un séjour dans la wilaya de Souk Ahras pour visiter Madaure et l'olivier de St Augustin ont été contraints de rebrousser chemin pour rentrer à Tunis. L'anarchie sévissant au niveau du poste frontalier proche de Ghardimaou les en a dissuadés. Et dire que chez nous on parle de développement du tourisme» a indiqué un chauffeur de taxi spécialiste du trajet Souk Ahras/Tunis. Pour l'heure, avec l'approche du Ramadhan, ce n'est plus un rush mais beaucoup plus une ruée des touristes algériens d'un côté comme de l'autre de nos frontières terrestres de l'Est. «Chaque année, la presse se fait l'écho des problèmes que le citoyen algérien vit au contact des policiers et douaniers des deux pays aux frontières terrestres avec la Tunisie. L'absence de réaction de nos responsables pour solutionner ce problème démontre le mépris que ces mêmes responsables affichent vis-à-vis du peuple. Il faut dire qu'ils vivent loin de la réalité du terrain eux qui, avec leur famille, ont les moyens de voyager par avion avec les commodités que leur offre le salon d'honneur» a argumenté Mouldi, en partance avec trois de ses amis pour un séjour à Hammamet.