Contrairement à 2004 où il a vite plongé en apnée après son échec à l'élection présidentielle, Ali Benflis s'est métamorphosé après son second échec à l'élection du 17 avril dernier. Depuis, il a rejoint l'opposition et s'est totalement investi dans l'activité politique. L'année 2014 aura été ainsi celle du début de son parcours de militant. Un parcours qui a commencé d'abord par sa contestation des résultats du scrutin du 17 avril ayant permis la réélection de son principal rival, Bouteflika, pour un 4e mandat consécutif, avec plus de 80% des suffrages exprimés. Benflis, qui n'a obtenu que 12% des voix, est aussitôt monté au créneau pour dénoncer la "fraude" ayant entaché ce scrutin, avant de s'engager dans l'écriture de (son) Un livre blanc sur cette même fraude. Pour maintenir la cadence, l'ancien chef de cabinet de la présidence et chef du gouvernement sous Bouteflika a, depuis, multiplié ses sorties médiatiques, tout comme il n'a raté presque aucune occasion pour exprimer ses convictions. Il prendra part à quasiment toutes les rencontres partisanes de l'opposition. Ayant participé le 10 juin dernier à la conférence de Zéralda de la CNLTD, il est surtout devenu membre actif de l'Instance de consultation et de suivi de l'opposition (Icso), issue des recommandations de cette conférence nationale dite pour "la transition démocratique". Cette instance réclame notamment l'installation d'une commission indépendante pour l'organisation des élections, puis une élection présidentielle anticipée et enfin une révision de la Constitution. Tout comme les membres de la CNLTD, Benflis avait décliné l'invitation d'Ahmed Ouyahia pour participer aux consultations sur le projet de révision constitutionnelle. Il avait, entre-temps, déjà créé (son) "Pôle des forces du changement", un conglomérat regroupant les partis politiques ayant soutenu sa candidature. Ce pôle était conçu pour "faire pression sur le pouvoir", comme indiqué dans le communiqué sanctionnant la rencontre fondatrice de ce groupe de partis d'opposition. Cela, avant de s'engager dans l'aventure de créer son propre parti politique dénommé Talaia El-Houriat (Avant-garde des libertés, ndlr). Après des mois de tergiversations, pour ne pas dire de blocages administratifs, Ali Benflis et ses compagnons ont fini par recevoir, tout récemment, un récépissé de dépôt du dossier constitutif du parti. Cette formalité, au demeurant obligatoire dans le long processus de création d'un parti politique étant accomplie, Ali Benflis doit, toutefois, encore patienter deux mois, délai légal, avant d'entamer les préparatifs pour la réunion du congrès constitutif du parti. C'est dire que le parcours politique de l'ancien chef du gouvernement et par deux fois candidat malheureux à l'élection présidentielle en 2004, puis en 2014, ne fait, en fait, que commencer... F. A.