Au lendemain de l'élection présidentielle, Ali Benflis a non seulement refusé d'en reconnaître les résultats mais il était aussi engagé à n'avoir aucun contact ni dialogue avec le régime de Bouteflika, frappé selon lui d'illégitimité en raison de la grande fraude à laquelle aurait donné lieu le scrutin du 17 avril. L'occasion lui a été donnée de démontrer qu'il reste ancré sur ses positions en recevant l'invitation à participer aux consultations autour de la révision de la Constitution que lui a transmis Ouyahia. Il l'a en effet déclinée en accompagnant son refus d'une cinglante charge contre l'initiative du régime qu'il a qualifiée d'«une fuite en avant et une diversion». L'ancien chef du gouvernement a déclaré ne pouvoir se résoudre ni aujourd'hui ni demain à s'inscrire dans une initiative qui est pour lui «un non-sens absolu» dont les auteurs «manifestent clairement une perte du sens de la réalité, une attitude de déni et le choix de la fuite en avant». En ne faisant pas dans la dentelle dans l'expression de son refus de participer aux consultations, l'ancien candidat à l'élection présidentielle a, de la sorte, mis un terme aux interrogations suspicieuses sur ce qu'il envisageait d'entreprendre dans l'après-17 avril. D'aucuns, en effet, ont semblé douter que Benflis s'en tiendrait à l'opposition sans concession au régime reconduit le 17 avril et le soupçonnent même d'avoir adopté cette posture uniquement pour s'en prévaloir et à dessein de postuler au leadership du regroupement anti-Bouteflika qui s'est opéré sur la scène politique. Un soupçon auquel a donné lieu son refus d'intégrer la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratiques (CNLTD) dont les membres l'ont approché à cette fin. Benflis a décliné leur sollicitation en faisant prévaloir la constitution à son initiative d'un pôle du rassemblement réunissant le parti qu'il est en train de créer et les formations et personnalités politiques qui ont soutenu sa candidature. Une démarche à l'égard de laquelle les membres de la CNLTD font preuve de méfiance car leur apparaissant antinomique du large front unitaire anti-régime qu'ils se sont attelés à réaliser. Il n'en reste pas moins que, contrairement à ce qu'il avait fait en 2004 après sa défaite, Ali Benflis n'entend nullement s'effacer cette fois-ci. Ce faisant, il se démarque de ces «personnalités nationales» qui ne se mêlent de politique que par intermittence et s'en désintéressent quand ce n'est pas à l'occasion d'échéances dignes de leur pseudo statut. Après sa prestation électorale, l'engouement populaire qu'il est parvenu à susciter là où il est allé au contact des citoyens, Benflis est désormais à regarder comme un acteur politique sur lequel il faudra compter en cet après-17 avril. Pour peu qu'il ne verse pas dans les travers, en pensant qu'il a acquis la stature lui permettant de se poser en opposant au régime et n'avoir nul besoin de s'inscrire dans des stratégies d'actions politiques avec les autres acteurs qui ont la même ligne anti-régime qui leur fait prôner la frontalisation de l'opposition face aux menées et initiatives de celui-ci.