Deux événements économiques auront marqué l'année 2014 : la reprise d'actifs européens par Cevital et la promulgation d'une nouvelle réglementation de la Banque centrale qui ouvre la possibilité aux opérateurs nationaux d'investir à l'étranger. Premier événement : en avril, Cevital reprend en France une société en faillite Fagor-Brandt, l'un des leaders européens dans l'électroménager, et ajoute de ce fait dans son patrimoine industriel deux usines de fabrication de produits électroménagers situées dans l'Hexagone. Une première pour une entreprise privée algérienne. Cevital non seulement maintient l'essentiel du personnel de Fagor-Brandt : 1 200 sur 1 800, mais investit dans cette firme pour consolider sa plateforme industrielle en France. L'économie algérienne en profitera, puisque sous cette colocalisation inversée, la finalité est de fabriquer également les produits Fagor-Brandt dans le pays à travers une nouvelle usine en Algérie, destinée à l'exportation mais aussi à couvrir le marché local. Les dividendes de cette reprise d'une entreprise de renommée mondiale sont multiples. Quatre marques : Brandt, Vedette, Sauter et De Dietrich, 1 300 brevets, et le centre de recherche et développement tombent sous l'escarcelle de Cevital. Pas seulement. L'un des plus importants bénéfices de cette reprise est l'accès au réseau de distribution de Fagor-Brandt. Les produits électroménagers Fagor, Brandt, Sauter, De Dietrich, de renommée internationale, pourront continuer à être commercialisés aux quatre coins du monde. À noter que cette acquisition intervient après la reprise en 2013 d'Oxxo en France, leader des fenêtres à double vitrage en PVC. Cevital a maintenu environ 300 emplois pour une production de 210 000 fenêtres par an. Elle a créé en Algérie une usine d'une capacité de 2,1 millions de fenêtres double vitrage par an, qui permet d'employer 3 000 salariés. "Entre Oxxo France et Oxxo Algérie, Cevital a une taille critique, une taille mondiale qui permet des prix défiant toute concurrence, avec un savoir-faire et des marques de qualité", selon un responsable de Cevital. Le groupe privé ne veut pas en rester là. Il compte faire de son développement à l'international l'un des axes de la croissance du groupe. À cet effet, il a réussi à acquérir en novembre dernier une autre société en faillite en Europe. Il s'agit du numéro deux italien de la sidérurgie, Luchinni. Grâce à cette reprise, Cevital acquiert un complexe sidérurgique à Piombino qui fabrique des aciers spéciaux. La reprise de ce producteur d'acier prévoit une diversification de l'entreprise : la mise en place d'une plateforme logistique et des investissements dans la production agroalimentaire en Italie. Même principe : cette acquisition servira l'économie algérienne. Puisque les aciers spéciaux fabriqués en Italie seront transformés en pièces de rechange, avec la réalisation par Cevital d'usines dans le secteur mécanique. Au total, pour les deux premières acquisitions en 2013 et 2014 près de 10 000 emplois seront créés en Algérie. Par ailleurs, cette percée de Cevital en Europe peut servir d'exemple pour les opérateurs algériens encouragés à investir à l'étranger. D'autant qu'une nouvelle législation de la Banque d'Algérie ouvre la possibilité pour un opérateur algérien résidant en Algérie d'opérer une prise de participation dans une entreprise étrangère, d'ouvrir une succursale, un bureau de liaison à l'étranger. Une opportunité d'augmenter sensiblement les exportations hors hydrocarbures. Encore faut-il que l'Etat, à l'instar de ceux des grands pays européens, encourage ces initiatives. K. R.