Outre les milliers de foyers tamanrassetis privés de gaz naturel, beaucoup de citoyens ont également afflué de différentes municipalités où la crise a atteint son paroxysme il y a plusieurs mois déjà. Les stations Naftal de la commune de Tamanrasset sont quotidiennement prises d'assaut par des centaines d'habitants, en quête de bonbonnes de gaz. De longues processions de citoyens se forment dès les premières lueurs du matin devant les dépôts de distribution, où l'on a constaté une anarchie indescriptible. Pour éviter tout dérapage, les responsables de ces points de vente ont fait appel aux services de la sûreté de wilaya, qui a mobilisé plusieurs policiers sur les lieux afin de veiller au bon déroulement de l'opération de distribution qui se fait, de surcroît, avec une parcimonie inexpliquée. A la station-service de Tahaggart, située à l'entrée nord de la ville de Tamanrasset, où s'ébauchent les premiers tracés d'une crise profonde, de nombreux demandeurs reviennent bredouilles après une demi-journée d'attente, particulièrement ceux qui se sont déplacés des localités avoisinantes pour tenter d'acquérir ce produit vital en cette période caractérisée par un froid de canard. "Je me suis levé à 5h du matin en espérant avoir la chance de recharger mes bouteilles de gaz butane. La file d'attente est quasi permanente. Dans l'Algérie de 2014, on se dispute pour une bonbonne de gaz. C'est malheureux !", s'indigne un habitant qui dit avoir manqué une journée de travail pour se recroqueviller contre le grand froid devant le point de vente du centre-ville. "Sinon tu seras contraint de renouer avec le charbon et la cuisine traditionnelle", ironise-t-il. Outre les milliers de foyers tamanrassetis privés de gaz naturel, beaucoup de citoyens, a-t-on appris sur place, ont également afflué de différentes municipalités où la crise a atteint son paroxysme il y a plusieurs mois déjà, à savoir In M'guel, Tine Zaouatine et In Guezzam, situées respectivement à 130, 500 et 400 km du chef-lieu de wilaya. La pénurie de cette denrée vitale et l'anarchie régnant dans les dépôts de distribution sont, faut-il le signaler, à l'origine des rixes et bagarres courantes qui éclatent à tout bout de champ dans ces lieux, lesquels sont, laxisme et indifférence des autorités aidant, livrés aux spéculateurs et aux bandes de mafieux qui imposent leur diktat et font régner leur propre loi. Ce qui nécessite, à chaque fois, l'intervention des forces de l'ordre pour faire entendre raison. Le pire est que ce disque se met quotidiennement à répétition sans inquiéter les responsables compétents. "Les responsables sont pour beaucoup dans cette crise qui ne profite qu'aux intermédiaires. Ces derniers se sucrent impunément sur le dos du citoyen lambda, sachant que le prix d'une bonbonne de gaz atteint, tenez-vous bien, 2000 DA dans les villes frontalières", regrette-t-on. Pour de plus amples informations sur cette situation, nous avons approché le district de Naftal à Tamanrasset. Après plusieurs minutes d'attente, on nous a informé que le responsable chargé de la distribution de gaz, M. Kirami, n'est pas disposé à faire des déclarations à la presse. R. K.