Seize villages détruits, 2000 morts et 20 000 personnes en fuite. C'est le bilan catastrophique de l'attaque perpétrée du 6 au 8 janvier par Boko Haram dans le nord-est du Nigeria. Cette dernière réclame un soutien international pour faire face à cette violence. C'est aussi l'acte le plus meurtrier depuis l'apparition de ce groupe extrémiste, il y a cinq ans, selon Amnesty International. Des centaines de corps, "trop nombreux pour être comptés", sont éparpillés dans la brousse nigériane après une attaque menée contre la ville de Baga, située le long de la frontière avec le Tchad, a annoncé vendredi l'ONG. Un dirigeant local a affirmé à la BBC que la ville, dont la population s'élevait à 10 000 habitants, "n'existe plus". L'assaut qui a frappé Baga et seize villages alentour s'est soldé par un bilan de 2000 morts et 10 000 réfugiés, qui ont principalement fui au Tchad. Les victimes sont principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées qui n'ont pas réussi à s'enfuir quand les islamistes ont attaqué. L'armée nigériane a, en réaction à cela, appelé, samedi, à une coopération internationale face à Boko Haram, après cette attaque contre Baga et plusieurs autres localités sur les rives du lac Tchad, dans le nord de l'Etat de Borno, dont le bilan définitif n'a pas encore été indépendamment déterminé, mais pourrait s'avérer extrêmement élevé, certains évoquant plusieurs milliers de morts. Ces offensives "devraient convaincre tous les gens bien intentionnés à travers le monde que Boko Haram représente le mal que nous devons éliminer tous ensemble, plutôt que de critiquer les personnes qui essayent de les contrer", a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Chris Olukolade. L'armée nigériane, la plus grande d'Afrique de l'Ouest, qui est régulièrement sous le feu des critiques pour son incapacité à mettre fin à l'insurrection de Boko Haram, a répliqué, en déclarant qu'elle "n'a pas abandonné Baga et les autres localités actuellement contrôlées par les terroristes". Selon le ministère de la Défense, "des plans appropriés, des hommes, des ressources sont actuellement mobilisés pour faire face à la situation". Cet appel est appuyé par un archevêque nigérian, qui a appelé hier la communauté internationale à apporter au Nigeria un soutien similaire à celui reçu par la France ce week-end. "J'observe la réaction très positive du gouvernement français pour s'attaquer à la question des violences religieuses après le meurtre de citoyens du pays", a déclaré Ignatius Kaigama, l'archevêque catholique de Jos, dans le centre du Nigeria, interrogé sur BBC World. D'autres attaques ont depuis ensanglanté la région. Deux femmes kamikazes se sont fait exploser, dimanche, tuant quatre personnes sur un marché bondé de Potiskum, dans la même région. Cette ville a aussi été touchée, samedi, par un attentat à la voiture piégée. Au moins 19 personnes ont péri, également samedi, lorsqu'une bombe fixée sur une fillette d'une dizaine d'années a explosé dans un marché bondé de Maiduguri, grande ville du nord-est du Nigeria. Les islamistes ont également pris le contrôle de la base de la Force multinationale (MNJTF). Bilan : 14 soldats nigérians tués et 30 autres blessés. Mais le massacre le plus sanglant attribué à Boko Haram s'était produit le 14 mars 2014, quand une attaque contre la caserne militaire de Giwa, dans la ville de Maiduguri, avait fait environ 600 morts. A .R.