Hamid Karzaï a prêté serment hier à Kaboul en tant que premier président démocratiquement élu d'Afghanistan et placé la sécurité et la lutte contre le terrorisme en tête de ses priorités, trois ans après la chute du régime des talibans. “Je jure au nom de Dieu le tout-puissant de respecter et protéger la religion sacrée de l'islam, de superviser la mise en œuvre de la Constitution et des lois, de sauvegarder l'indépendance, la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale de l'Afghanistan.” Par ces paroles prononcées une main sur le Coran, Hamid Karzaï — déjà entré dans l'histoire lorsque la conférence de Bonn l'avait placé à la tête de l'administration intérimaire qui a succédé aux talibans le 22 décembre 2001 — est devenu le premier président élu au suffrage universel de la République islamique d'Afghanistan. Trois ans, jour pour jour, avant cette cérémonie, les talibans avaient perdu leur fief spirituel, Kandahar (sud), dont Hamid Karzaï est originaire. Arborant son traditionnel caftan vert et bleu et coiffé d'une toque d'astrakan noire, l'homme désigné par les Américains pour soulever les tribus du sud contre les talibans en octobre 2001 a prononcé ces mots devant le chef de la Cour suprême afghane, gardienne de la charia (loi islamique) et une mer de turbans multicolores (ministres, juges, chefs tribaux, commandants et notables des provinces afghanes). Dans le hall de cérémonie du palais présidentiel, survolé d'hélicoptères de combat Apache et protégé par des tireurs d'élite, étaient aussi rassemblées quelque 150 personnalités internationales. Parmi ces témoins, le vice-président américain, Dick Cheney, accompagné du secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, figuraient au rang des invités d'honneur, alors que peu de pays avaient envoyé des délégués de très haut niveau. L'Afghanistan, comme les Etats-Unis, est conscient que le “combat contre le terrorisme n'est pas encore terminé”, a affirmé le président dans son discours d'investiture, prononcé en pachtoune puis en dari, les deux langues du pays. “La relation entre le terrorisme et la drogue et la persistance de la menace de l'extrémisme dans la région et dans le reste du monde constituent une source d'inquiétude continue”, a-t-il poursuivi avant de souligner qu'“une victoire décisive sur le terrorisme implique une coopération sérieuse et continue aux niveaux régional et international”. Il a cité comme première priorité “le renforcement de la sécurité”, quelques heures seulement après des combats qui ont tué dans la province de Khost (sud-est) quatre soldats afghans et six miliciens talibans. Hamid Karzaï a, ensuite, évoqué l'élimination de la culture du pavot, qui a explosé en 2004 (en hausse de 64% par rapport à 2003) et nourrit plus de 80% de la consommation mondiale d'héroïne. R. I.A.