Les Américains et les Européens menacent de lier leur aide à l'Afghanistan à l'action contre la corruption promise par Kaboul. Hamid Karzaï, proclamé vainqueur d'une présidentielle calamiteuse le 2 novembre dernier après l'abandon, entre les deux tours de Abdullah Abdullah, son rival, pour «fraudes massives lors du premier tour, prêtera serment pour un second mandat, aujourd'hui à Kaboul, placée sous haute surveillance car «les ennemis jurés de la Nation vont tenter de perturber la cérémonie» prédit le National Directorate for Security, les services de renseignement afghans. Quelque 800 dignitaires, dont 300 étrangers, parmi lesquels l'Américaine Hillary Clinton et le Français Bernard Kouchner, seront présents à cette cérémonie même si aucun ne croit pas en une volonté de l'Afghan de réformer son administration, lutter contre la corruption, créer des emplois et apporter la sécurité à la population dont la moitié vit sous le seuil de pauvreté. Les Américains et les Européens, les principaux menacent de lier «d'ici l'été prochain» leur aide à l'Afghanistan à l'action contre la corruption promise par Kaboul. «La preuve ne se ferait pas sur les paroles, elle sera faite sur les actes» prévient Barack Obama au diapason des 44% des Américains qui estiment que la guerre lancée en Afghanistan qui produit plus de 90% de l'opium mondial, ne vaut pas la peine, selon un sondage du Washington Post et d'ABC News. Seuls 26% estiment que le président afghan pourrait être un «partenaire fiable». Tombé en disgrâce huit ans après son arrivée au pouvoir, Karzaï qui était, il y'a à peine 3 ans, «une personne admirée et respectée au sein de la communauté internationale» dixit Condoleezza Rice, semble agacer aujourd'hui ceux qui l'ont désigné président en décembre 2001 à la conférence de Bonn, après la chute des talibans et «élu» fin 2004 à la première présidentielle du pays avec 55,4% des suffrages. Est -ce un hasard si les Afghans le surnomment le «maire de Kaboul » pour montrer qu'il ne fait pas le poids face aux grands féodaux et si Kouchner reconnaît que «Karzaï est corrompu» avec une étonnante franchise?