Convaincu du caractère éphémère des ressources naturelles que recèle le pays, le gouvernement ouvre un vaste chantier d'énergies renouvelables (ER). L'idée a germé, il y a plusieurs années déjà, et a fini par prendre forme avec le lancement de quelques projets à travers le territoire national. Un ambitieux programme, ayant pour fondement principal une efficacité énergétique, a été tracé de manière plus concrète depuis mars 2011. L'intégration massive du renouvelable dans le mix énergétique constitue un enjeu majeur dans le sens où cela permettra de préserver les ressources fossiles, de diversifier les filières de production de l'électricité et de contribuer au développement durable. Avec son immense potentiel solaire et éolien, considéré comme la principale charnière de cette transition énergétique, le Sud se veut cette offrande divine qu'exploitera l'Algérie pour produire ces énergies alternatives. Preuve en est, avec un ensoleillement annuel moyen évalué à 2 000 heures et un territoire composé à 86% de désert saharien, la puissance solaire de l'Algérie est estimée à environ 2 650 KWh/m2/an dans cette région. De telles statistiques correspondent à une capacité électrique 8 fois supérieure aux réserves de gaz naturel du pays et au plus grand champ solaire du monde. Les autorités publiques ont, pour ce faire, élaboré un plan d'action consacré au développement des énergies nouvelles et renouvelables à l'horizon 2030. Il consiste en la réalisation de centrales électriques avec des sources énergétiques renouvelables, notamment solaire et éolienne, d'une capacité de 22 000 mégawatts (MW) d'ici à 2030, soit le double de la capacité de production actuelle. De ce total, 12 000 MW seront produits pour faire face à la demande nationale, et le reste, soit 10 000 MW, sera destiné à l'exportation. Les pouvoirs publics estiment que d'ici à 2030, 40% de la production d'électricité réservée à la consommation nationale sera d'origine renouvelable. Mieux, le ministère de l'Energie vient de revoir à la hausse cette perspective en annonçant une production de 25 000 MW. Cette stratégie devrait conférer à l'Algérie le rôle de fournisseur majeur d'électricité "verte" à destination de l'Europe. Les experts avouent que pour atteindre de tels objectifs, l'Algérie a, toutefois, besoin d'investir jusqu'à 120 milliards de dollars dans les énergies renouvelables (ER) d'ici à cette échéance. Les investissements peuvent provenir à la fois du secteur public, privé et des partenaires étrangers. Quel impact aura cette nouvelle politique énergétique sur le plan économique ? À cette question, les observateurs, très au fait du secteur de l'énergie, évoquent le développement d'une industrie de sous-traitance locale qui devrait créer environ 100 000 emplois. Cependant, les coûts pour l'exploitation de l'énergie solaire demeurent encore très élevés et oscillent entre 10 et 12 DA le kilowatt contre 2,5 DA kWh pour l'électricité produite à partir du gaz. Dans ce riche programme, il est inscrit la réalisation, d'ici à 2020, d'une soixantaine de centrales solaires photovoltaïques et solaires thermiques, de fermes éoliennes et de centrales hybrides. L'édification de nombreuses fermes éoliennes et la mise en œuvre de projets expérimentaux en biomasse et en géothermie sont les autres actions envisagées. Le groupe Sonelgaz, qui a déjà lancé un projet pour développer une centrale hybride (gaz-solaire) à Hassi-R'mel d'une capacité de 150 MW et un parc éolien de 10 MW à Adrar, se chargera de l'achèvement de plusieurs projets des ER. La plupart de ces énergies proviendront du gaz naturel et permettront d'économiser environ 600 000 millions de m3 de gaz sur 25 ans. La moitié du gaz économisé sera stockée avec le reste destiné à être exporté. Ce qui fera gagner au pays 200 milliards de dollars supplémentaires durant cette période. B. K.