"Vingt-cinq pour cent des cas de cancer enregistrés en Algérie sont dus à la pollution", a affirmé le Pr Kamel Bouzid, chef de service au centre Pierre et Marie-Curie et président de la Société algérienne d'oncologie, lors de la journée d'étude sur l'environnement et la santé, organisée jeudi à l'université Mentouri de Constantine. Le conférencier, qui s'exprimait devant des experts de l'environnement, des représentants du corps médical et des enseignants-chercheurs invités par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) et qui, faut-il le souligner, est à l'origine de cette rencontre en collaboration avec l'Association pour la protection de la nature et de l'environnement (Anpe) et l'Association accompagnement, développement et aménagement du territoire de la wilaya de Constantine (Adat), a indiqué que la problématique "environnement et santé publique" se manifeste quotidiennement dans les effets néfastes des activités humaines sur l'environnement et conséquemment sur la santé. "Près de 40 000 cas de cancer sont enregistrés chaque année en Algérie faisant 25 000 morts", a encore affirmé le professeur Bouzid. Et d'arguer : "Le parc automobile roulant algérien totalise 8 millions de voitures dont 70% émettent des gaz d'échappement." Dans ce contexte, le conférencier expliquera que les produits polluants, en contaminant l'air et la terre, mettent en péril la santé humaine, la qualité des écosystèmes et de la biodiversité aquatique et terrestre, à l'exemple aussi du traitement inapproprié de 130 000 tonnes de bouteilles et de sachets en plastique, 350 tonnes de papiers ou des 100 000 tonnes de déchets de fer que l'on brûle faute de décharges adaptées favorisant ainsi l'apparition de la maladie. Par ailleurs, le professeur abordera le mode de vie des Algériens, à savoir la malnutrition et l'absence de bonnes pratiques alimentaires, en pointant du doigt les fast-food et l'excès de nourriture à densité énergétique élevée et l'insuffisance de l'apport d'aliments et de nutriments protecteurs. Il s'appuiera sur des statistiques qui révèlent qu'entre 1990 et 2014, le nombre de personnes atteintes de cancer de l'estomac en Algérie a quintuplé. L'autre facteur de l'augmentation des risques pathologiques est le vieillissement de la population, à savoir 7% seulement de taux de croissance ces dernières années, a indiqué le président de la Société algérienne d'oncologie. Aussi, le professeur Bouzid appelle le gouvernement à maintenir sa volonté de prendre des mesures énergiques et que la société civile participe efficacement pour une protection de l'environnement et de la santé publique dans le cadre d'un développement durable. H.C.