Les produits polluants, en contaminant l'air et la terre «mettent en péril la santé des individus du fait, par exemple, du traitement inapproprié des bouteilles et des sachets en plastique que l'on brûle faute de décharges adaptées, et favorisent l'apparition de la maladie». Intervenant au cours d'une rencontre «l'environnement et la santé publique», organisée à l'université Mentouri à Constantine , le Pr Bouzid, chef du service d'oncologie médicale au Centre Pierre-et-Marie-Curie (hôpital Mustapha-Pacha, Alger) et président de la société algérienne d'oncologie, a souligné que la pollution de l'environnement, le changement du mode de vie et les facteurs génétiques sont autant de facteurs contribuant à la propagation du cancer. Abordant la question du mode de vie des Algériens, le conférencier a notamment déploré «l'absence de bonnes pratiques alimentaires, avec l'excès de nourriture à densité énergétique élevée et l'insuffisance de l'apport d'aliments et de nutriments protecteurs», a-t-il affirmé, ainsi que «l'augmentation des risques pathologiques». Le Pr Bouzidi a souligné, à l'appui de ses propos, que les statistiques révèlent qu'entre 1990 et 2014 le nombre des personnes atteintes de cancer de l'estomac a «quintuplé» en Algérie. Le vieillissement de la population a également été évoqué par le président de la Société algérienne d'oncologie, qui a indiqué que ce fait pourra imprimer une courbe ascendante des cas de pathologies cancéreuses. Evolution de la situation malgré l'effort du gouvernement Dans un article consacré à l'évolution de la situation du cancer en Algérie durant ces dernières décennies, le cabinet de consulting et de recherche Oxford Business Group a mis en exergue, la hausse considérable du taux de prévalence de cette maladie, comme celui des affections non-transmissibles de manière générale. Se référant à des statistiques de l'Organisation mondiale de la santé, OBG a révélé que le taux de prévalence du cancer dans notre pays est passé de 80 cas pour 100 000 personnes dans les années 1990 à 120 cas en 2008. Il devrait atteindre 300 cas pour 100 000 personnes au cours des dix prochaines années, et enregistrer un taux comparable à ceux que l'on retrouve aux Etats-Unis, au Canada et en France, selon le cabinet international. d'après OBG, les temps d'attente avant une radiothérapie ou une opération peuvent aller jusqu'à 18 mois, citant à ce propos une déclaration récente du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf. Le cabinet note, par ailleurs, l'effort déployé par le gouvernement algérien dans le sens de l'amélioration de la situation de prise en charge des malades à travers le territoire national. «En 2003, l'Algérie a été l'un des premiers pays d'Afrique du Nord à mettre en place un programme de prévention national de lutte contre le cancer, bénéficiant d'un Fonds public, qui encourage un mode de vie sain, un dépistage précoce et qui œuvre à l'amélioration de la qualité des soins», relève OBG qui ajoute que le gouvernement avait investi dans de nouvelles structures dans le cadre de son plan quinquennal 2010-2014. L'objectif visé est la construction de 45 centres de santé spécialisés, dont 15 en oncologie. Il est à noter que la rencontre a vu la participation de plusieurs praticiens et universitaires. Plusieurs communications ont été présentées dont celle du chargé du programme de santé en Afrique de l'Organisation mondiale de santé (OMS), qui a évoqué les facteurs de risques environnementaux en Afrique.