Les télévisions offshore sont une aberration audiovisuelle spécifiquement algérienne. Hors-la-loi sur le plan réglementaire, elles défient aussi et souvent les normes professionnelles et éthiques en faisant le marketing du sensationnel. Selon le ministre de la Communication, qui intervenait jeudi sur les ondes de la radio, ces chaînes "manquent de professionnalisme et ne respectent pas la déontologie du journalisme. Elles partent du principe : mauvaise nouvelle, bonne nouvelle". Sur la trentaine de chaînes de droit étranger qui existent en Algérie, cinq seulement ont des bureaux accrédités. Il s'agit d'Ennahar TV, Echourouk TV, Dzaïr TV, Djazaïria et Hoggar TV. Les dernières manifestations d'Alger contre les caricatures blasphématoires de Charlie Hebdo et les appels au meurtre contre le jeune écrivain Kamel Daoud posent aussi le problème de la conformité de ces chaînes au référent religieux national. Ces chaînes, rappelle Hamid Grine, "doivent se conformer aux référents religieux algériens", appuyant, ainsi, les propos de son collègue des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, qui a accusé ouvertement ces télévisions, notamment deux, de se faire des caisses de résonnance du radicalisme religieux. "Il y a des textes qui régulent cela. Il faut obliger ces chaînes à se conformer à ces textes", affirme encore le ministre de la Communication, précisant que, en ce qui le concerne, il avait reçu trois directeurs de chaîne concernant ce sujet pour les rappeler à l'ordre. Quant au sort des chaînes privées de droit étranger présentes en Algérie, le ministre de la Communication s'en remet à l'Arav : "Nous avons installé l'Autorité de la régulation de l'audiovisuel, à sa tête Miloud Chorfi. C'est à lui de décider quelles sont les chaînes qui seront reconnues de droit algérien et celles qui ne le seront pas." Au passage, le ministre relèvera que la loi sur l'audiovisuel parle "des chaînes thématiques, alors qu'actuellement, nous sommes loin de cela". Alors, cette Autorité de régulation, clandestinement installée dans son nouveau siège du côté du Sacré-Cœur, aura-t-elle suffisamment de courage pour recadrer ces chaînes qui, il est vrai, jouissent de protection politique en haut-lieu ? Cela tout le monde le sait. Par ailleurs, le ministre de la "Com" évoquera, lors de son passage à la radio, la situation socioprofessionnelle des journalistes. En l'occurrence, il pointera du doigt le non-respect des normes de la protection sociale, lors de l'embauche des journalistes par certains titres de la presse privée. "C'est un grand souci pour moi. Il y a de la précarité dans une certaine presse privée. Vous pouvez trouver cent journalistes dans une rédaction, mais seulement une vingtaine ou une trentaine qui ont leur contrat de travail et bénéficient de la couverture sociale", note Hamid Grine qui juge inacceptable une telle situation. R. N./APS